EXCLUSIF • Sauf coup de théâtre, le Mad Boat prévu le 11 juillet prochain sera le dernier. Après vingt ans d’existence, la croisière festive imaginée par le club du Flon subit les conséquences de l’avarie du bateau «Le Simplon» et de la pénurie de personnel navigant au sein de la CGN. Cette dernière assure finaliser un nouveau concept pour ses croisières privées.
C’est un coup dur pour tous les clubbers qui se respectent. Après plus de deux décennies de déhanchements sur le Léman, sur fond de sonorités électroniques, le concept des Mad Boat sera relégué aux oubliettes dès l’an prochain. Tout comme la possibilité de privatiser un bateau de la CGN pour un anniversaire ou une soirée d’entreprise.
Un coup dur pour Igor Blaska et Olivier Fatton, les deux directeurs du Mad, l’emblématique club du Flon: «La CGN nous a communiqué il y a quelques semaines que les dégâts sur le Simplon les empêchaient, avec un bateau en moins, de faire des croisières privées et festives en 2025. C’est très dommage dans le sens où le Mad Boat est un moment magique et enchanté de l’année. Mais nous sommes des battants, nous avons déjà mis sur pied des Mad Trains, des Very Mad Trips en Croatie notamment ou encore des Mad Cruise, nous travaillons déjà sur un incroyable concept pour l’an prochain.»
La CGN nous mène-t-elle en bateau?
Les Mad Boat seraient donc les victimes collatérales des dégâts occasionnés sur le bateau à vapeur Belle Epoque «Le Simplon» dans la nuit du 29 au 30 mars dernier lors de la tempête de vaudaire. Une version confirmée sur le site internet de la compagnie de navigation: «Comme vous l’avez certainement appris, le "Simplon" a été fortement endommagé fin mars 2024. Nous devrons donc opérer sans lui, et ce, pour une durée encore indéterminée. Afin de garantir le service horaire, avec un bateau de moins dans la flotte, nous ne pourrons plus répondre favorablement aux demandes de croisières privées jusqu’à fin 2025. Nous le regrettons sincèrement.»
Le hic, c’est qu’un lecteur nous a contactés suite à sa demande de privatisation d’un bateau effectuée en février dernier, donc bien avant l’avarie du Simplon, et son témoignage met en pièces cette argumentation: «J’ai fait la demande pour l’anniversaire de mon meilleur ami qui célébrera ses 50 ans en juillet prochain, précise Diego*. La CGN m’a répondu qu’elle ne proposait plus de nouvelles locations de bateaux pour 2024 et 2025 à cause d’un manque de personnel navigant et qu’elle me conseillait de chercher des solutions alternatives.»
En voie de finalisation
Alors qui dit vrai? Pour en avoir le cœur net, nous avons envoyé nos questions au service de presse de la CGN, ce dernier les a transmises à la directrice marketing Caroline Dayen qui nous a répondu comme suit: «La CGN ne subit aucune pénurie de personnel navigant, ni même de personnel administratif. L’arrêt temporaire des croisières privées (location de bateau complet) est lié à l’absence d’un bateau dans la flotte, mais aucunement au personnel. Nous priorisons le service à l’horaire pour le transport public et le transport touristique. Le Mad Boat aura lieu en 2024, puisque nous honorons les contrats signés, mais ne sera pas reconduit en 2025 pour les raisons évoquées précédemment.»
Avant de rétropédaler dans un second mail: «Le nombre de croisières privées a diminué progressivement depuis la pandémie de covid. Nous étions à plus de 200 privatisations avant covid, puis 150 en 2022. En 2023, les heures supplémentaires du personnel de navigation étaient très élevées. Afin de préserver nos équipes, le nombre de croisières privées a été fortement réduit à moins de 50.» L’arrêt de cette prestation représente-t-elle un manque à gagner pour la compagnie de navigation? «Le bénéfice de chaque croisière privée est différent (nombre de km parcourus, nombre de membres d’équipage, type de bateau…), il est difficile de l’estimer, note la directrice marketing. Nous mettons cependant sur pied une offre de privatisation de salon sur nos bateaux Belle Epoque (de 50 à 120 personnes) pour proposer une alternative à nos clients, étant conscients toutefois que cette capacité peut s’avérer insuffisante dans certains cas.»
Un bateau en moins, des prestations sucrées et un personnel navigant qui cumule les heures supplémentaires, la CGN n’aborde pas, et c’est un euphémisme, la saison estivale avec le vent en poupe…