Wingfoil: le sport de glisse qui attire 
le vent, les vagues et les Vaudois

Rédigé par
Diego Buccino
Société

TENDANCE • Discipline née en 2019, le wingfoil sait allier le plaisir de la planche à voile et l’adrénaline du kitesurf. Depuis quelques mois, il connaît une popularité croissante dans le Canton de Vaud. Explications.

Sport de glisse innovant, le wingfoil combine une planche munie d’un foil (aileron sous-marin) et une aile (ou wing) tenue à bout de bras, sans qu’elle soit reliée à la planche ni attachée au corps. Un dispositif qui offre une plus grande liberté de mouvement. Les pratiquants peuvent ainsi planer au-dessus de l’eau, portés par le vent et le mouvement du foil. Ce sport, popularisé en 2019, fait aujourd’hui florès. Clément De Chaillé, directeur de l’école sportive Tropical Corner à Genève, confirme: «Le wingfoil est très en vogue actuellement pour maintes raisons. Le matériel nécessaire est beaucoup moins encombrant que dans les autres disciplines de glisse et l’on peut rapidement devenir autonome. En outre, il ne nécessite pas beaucoup d’espace et le frottement avec l’eau est réduit grâce à l’aileron. On peut ainsi traverser des zones avec peu de vent ou des vents irréguliers comme c’est le cas sur les lacs.» 
En apesanteur
Cindy Robert-Mauron, compétitrice suisse de wingfoil basée dans le Canton de Vaud, complète: «Au début, c’est plutôt compliqué. C’est un sport qui nous remet face à nous-mêmes, mais quand on arrive à faire les premiers vols, c’est un sentiment incroyable. On se sent en apesanteur et on voit tout ce qui passe sous l’eau.» Mathieu Durand, moniteur de wingfoil au Club Nautique de Pully, ne cache pas non plus son enthousiasme: «Le but est d’utiliser l’aile pour monter avec le vent et d’utiliser le foil pour voler au-dessus des vagues. Selon moi, c’est la seule manière de surfer sur le lac Léman tout en étant le sport volant sur une planche le plus accessible».
Quelles sont les compétitions?
Bien que relativement jeune, le wingfoil a vu l’émergence de plusieurs compétitions à travers le monde, mais encore peu dans notre pays. «Il existe déjà deux circuits mondiaux, l’un de freestyle et l’autre de course. Sauf erreur, ils travaillent même sur un projet pour proposer le wingfoil aux JO», explique Clément De Chaillé. Les deux compétitions majeures sont le WingFoil Racing World Cup, axé sur des parcours de vitesse, et le GWA Wingfoil World Tour, qui met l’accent sur le freestyle. Clément De Chaillé et son équipe organisent du 18 au 22 septembre le GVA Wing Festival à Genève. Cet événement portant principalement sur la planche à voile, inclut toutefois une épreuve de freestyle de wingfoil ouverte à tous et pas seulement aux compétiteurs aguerris.
Quelques bases
D’autant qu’avec un peu de pratique et de bons conseils, les débutants peuvent rapidement maîtriser les bases de ce sport. Comme le relève le spécialiste: «Les planchistes, sont très vite à l’aise en termes de technique. En revanche, si l’on ne possède aucune notion et pour être un minimum autonome, il vaut mieux commencer par une petite formation.» Laquelle formation recouvre la maîtrise de l’équilibre sur la planche, le contrôle de l’aile et la gestion du foil, ainsi que la connaissance des vents et des courants. Pour une initiation en trois cours d’une heure chacun, il faut débourser entre 200 et 300 francs, ainsi qu’une cinquantaine de francs supplémentaires pour la location de d’aile, d’une planche et du foil pour les trois heures selon les endroits.
Les spots idéaux pour pratiquer
La région vaudoise offre divers spots pour pratiquer le wingfoil. «Pour apprendre, le lac Léman fait globalement l’affaire mais il est tout de même un brin capricieux», remarque Mathieu Durand, moniteur de voile depuis 2012, qui vient d’ouvrir avec le Club Nautique de Pully une section dédiée au wingfoil. «On a du vent du nord qui nous emmène vers le large, ce qui est bien pour apprendre, mais moins pour la sécurité. Nous suivons donc les apprenants avec un bateau moteur pour être prêts à intervenir. Parfois, nous avons du vent venant de Genève qui nous ramène vers notre point de départ. De plus cela crée pas mal de vagues, rendant la pratique plus difficile.» 
Cependant, Mathieu Durand confie quelques spots intéressants non loin de là, notamment la célèbre «Gouille» de Martigny, qui bénéficie d’un vent très régulier mais qui est par conséquent très prisée, et le lac de Bret situé sur le territoire de la commune de Puidoux. Avec une communauté en pleine expansion, ce sport a donc un bel avenir devant lui. Toutefois, il doit encore relever quelques défis, notamment en termes de sécurité, de réglementation et de matériel. «Vu que c’est un sport relativement récent, le matériel change vraiment très vite et si l’on veut rester compétitif, il faut être constamment à jour», conclut la Vaudoise Cindy Robert-Mauron. 

Trois questions à Cindy Robert-Mauron, compétitrice suisse de wingfoil

Lausanne Cités: Comment avez-vous commencé le wingfoil? 
Cindy Robert-Mauron: C’était il y a trois ans avec mes parents. Au début, nous avions une seule planche et une aile que nous nous partagions, sans aucune expérience du matériel ou du vent. A un moment, j’ai failli arrêter, mais heureusement, j’ai décidé de prendre quelques cours. Cela m’a permis de progresser rapidement et tout s’est enchaîné. 
 
Depuis quand faites-vous de la compétition? 
En 2022, j’ai participé à ma première coupe du monde. Même si j’étais un peu en dessous du niveau général, cela m’a beaucoup plu au point de réitérer l’aventure en 2023. 
 
Quels sont vos objectifs pour 2024? 
Je participe  au WingFoil Racing World Cup. En mai, il y a eu la première étape en Turquie et la seconde en Suisse, il y a quelques semaines dans les Grisons. Malgré une eau à huit degrés, j’ai terminé neuvième. La prochaine étape est en août en Chine. Comme c’est assez coûteux d’y aller, je suis en pleine recherche de sponsors. Mon principal objectif est déjà de réussir à aller au bout de cette aventure.    

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