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TENDANCE • Nager dans le lac Léman, même en plein hiver, séduit un nombre toujours plus important de Lausannois. Parmi eux se trouvent beaucoup de retraités. Nous sommes allés à leur rencontre à Bellerive. Reportage.
Cela fait bien cinq ans que la baignade en eau froide devient tendance sur les rives du lac. Et les seniors ne sont pas les derniers à s’y essayer! Ils représentent même un bon tiers des habitués qui s’offrent un petit plouf presque chaque jour dans le Léman, du côté de Bellerive à proximité de la Voile d’or. Eric Winkelmann fait partie du lot. Agé de 77 ans, l’astrologue basé dans la petite ville de Pully, a découvert les joies de la baignade en eau froide voici trois décennies via un copain, féru de la traditionnelle Coupe de Noël, une course ludique organisée chaque fin décembre dans la rade de Genève.
Une pratique addictive et méditative
«C’est excellent pour le cœur et je n’ai jamais souffert de la moindre grippe depuis», assène joyeusement celui qui est aussi vice-champion du monde de trail 2023, catégorie 75-79 ans. Ici, beaucoup comme lui sont des sportifs. Et notre homme de s’immerger illico dans l’eau à neuf degrés. «C’est encore relativement chaud, mais en dessous de cinq ou six degrés, c’est une tout autre histoire… Il faut s’immerger une fois par semaine si on veut tenir tout l’hiver», recommande-t-il tandis qu’autour de lui, les salariés venus durant leur pause de midi se rhabillent.
Eveline, une ostéopathe âgée de 61 ans confirme. Elle a commencé à se jeter à l’eau hors-saison avant la crise du Covid, durant l’automne 2019. «J’en ai eu envie tout d’un coup. C’était fin septembre dans le lac de Neuchâtel. Et j’ai immédiatement chopé le virus. Car cette pratique est particulièrement addictive et méditative. Elle oblige à se centrer et détend énormément le corps mais aussi l’esprit.»
La professionnelle de la santé ne recommanderait pas pour autant la chose à tout le monde. On sait notamment que les femmes enceintes et les personnes cardiaques seraient bien inspirées de s’abstenir. Il est aussi fortement déconseillé de pratiquer seul afin d’éviter la noyade en cas de malaise, chose qui fort heureusement ne survient quasiment jamais.
Rosemonde Rossel, adjointe de direction de 56 ans, nage une fois par semaine dans le Léman et dans le bonheur. Elle a découvert ce «yoga du froid» suite à un défi il y a deux ans et a converti une partie de ses collègues depuis. Deux l’ont d’ailleurs escortée aujourd’hui. «C’est une des rares choses qui permettent de se vider complètement la tête. Cela booste les endorphines et en même temps ça détend et met vraiment de bonne humeur», expliquent-elles à l’heure du thé post baignade. Un participant octogénaire parle carrément de «cure de jouvence qui réveille l’énergie vitale de l’organisme».
Profond bien-être
A condition de respecter certaines précautions. Il s’agit d’y aller par étapes, de veiller à ne pas mouiller sa tête et de limiter la durée de l’immersion à une minute par degré de température de l’eau.
Une autre recommandation consiste à porter un bonnet pour éviter une trop grande perte de chaleur corporelle, car une part importante de cette dernière s’échappe par la tête. Après avoir observé ces conseils, nous décidons à notre tour de nous immerger.
Même équipé d’un bonnet et en pratiquant de profondes respirations, s’aventurer dans une eau glaciale jusqu’à la taille provoque un frisson intense, mais s’y plonger entièrement procure un véritable choc revigorant!
Mais après deux minutes, la sensation de froid passe au second plan. Elle est chassée par un profond bien-être teinté de bonne humeur. Le temps de s’habiller et de déguster un thé chaud, les frissons font leur retour. Ces phénomènes montrent que le corps tente de se réchauffer. Cela prendra quelques dizaines de minutes, mais les effets vivifiants et relaxants de cette baignade, eux, perdureront plusieurs heures. Le bonheur!