Tubes du passé: saviez-vous que Gilbert Montagné était vraiment nul en géographie?

Rédigé par
Thomas Lécuyer
Culture & Loisirs

TUBE - Né presque par hasard en 1984, «Les sunlights des tropiques» s’est imposé bien plus tard comme un classique incontournable des étés à la française. Avec ses synthés exotiques, ses paroles géographiquement douteuses mais furieusement accrocheuses, Gilbert Montagné a signé un hymne festif aussi entêtant que fédérateur. 

Parue en 1984, cette chanson particulièrement emblématique de Gilbert Montagné est sans conteste l’un des hymnes incontournables de nos étés. Avec ses rythmes synth pop aux accents exotiques, cet appel à la fête, au voyage et au lâcher-prise tranche avec les productions françaises de l’époque, en face par exemple de la déprime ambiante du «Encore un matin» de Jean-Jacques Goldman ou du «Cargo de Nuit» d’Axel Bauer. Pourtant, rien ne prédestinait ce titre imaginé à la dernière minute à sa carrière fulgurante. En 1984, Gilbert Montagné termine en Italie, sous la houlette du célèbre producteur Dario Farina, qui a notamment écrit des tubes pour Ricchi e Poveri, Andrea Bocelli , Drupi, et même Dalida, l’enregistrement de son album «Liberté». 
Alors que la séance s’achève, il tombe sur une mélodie inédite qu’il souhaiterait absolument intégrer au disque. Il sollicite son ami Didier Barbelivien pour rédiger des paroles; celui-ci, d’abord hésitant, finit par accepter sous l’insistance du chanteur. 
Même une version en duo
En l’espace d’une nuit, «Les sunlights des tropiques» prend forme et devient, à ce jour, l’un des plus grands succès de Gilbert Montagné. Bon, il y a aussi «On va s’aimer», d’ailleurs présent sur le même album, mais vu que c’est un vil plagiat du 45 tours «Une Fille de France» du chanteur italien Gianni Nazzaro, ça ne compte pas. Ce n’est pas bien, Gilbert, de copier sur le voisin. En parlant de copier, en 2009, Didier Barbelivien propose sa propre interprétation de ce titre sur son album Ateliers d’Artistes (spoiler: ça pique un peu). En 2013, la chanson est revisitée par le collectif Tropical Family, tandis que Matt Houston en enregistre une version en duo avec Gilbert Montagné himself, sans oublier bien évidemment une reprise comme il se doit de Julien Doré dans son excellent album Imposteur. Le problème, au final, c’est surtout que Gilbert Montagné et Didier Barbelivien sont sacrément nuls en géographie, comme en témoignent les paroles «Vivre sous l’équateur du Brésil, entre Cuba et Manille». 
Cuba et Manille sont respectivement un pays et une ville situés au-dessus de l’équateur, et séparés par environ 15497 kilomètres de distance. Après, ça fait le boulot pour la rime. 
Karaokés et mariages
Bien que n’ayant pas connu un succès fulgurant à sa sortie (seulement classée 30e au Top 50), la chanson «Les sunlights des tropiques» gagne peu à peu en popularité, devenant culte dans les années 90 et 2000 grâce aux soirées et compilations estivales. 
Adulée par le public, elle figure dans tous les karaokés et mariages et reste une des bêtes noires de tout deejay qui se respecte, avec «Les lacs du Connemara» de Sardou, son alter-ego du nord. Un classique indémodable des vacances à la française, devenu «tube de l’été» malgré lui et sur le tard. n

 

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