téléphone recyclé

Recycler son vieux téléphone à Lausanne, c’est possible

Rédigé par
Joëlle Tille
Société

RECYCLAGE • Depuis l’année dernière, la Ville de Lausanne offre à ses citoyens la possibilité de déposer leurs anciens smartphones dans des boîtes de collecte destinées au recyclage. Mais où vont-ils et que deviennent-ils exactement?

Si vous avez récemment fait un tour dans les bibliothèques d’Entre-Bois, de la Sallaz ou de Chauderon, ou encore dans l’un des deux espaces clients des Services Industriels (SiL), à Info-Cité (Palud) ou à Pyxis (place de la Cathédrale), vous avez peut-être vu apparaître des boîtes de collecte en carton ou en bois qui mentionnent «Recyclez votre smartphone ici». 
Le contenant est estampillé «NoOps», acronyme de «No obsolescence programmée Suisse». Derrière ce nom, une association basée à Genève qui œuvre dans la récolte et le recyclage d’appareils électroniques et se bat contre l’obsolescence programmée. L’association possède des boîtes de collecte dans toute la Suisse romande, en particulier dans les cantons de Genève et du Valais. Et depuis l’année dernière, à Lausanne.
Un potentiel qui dort  dans nos tiroirs
La Ville a en effet conclu un partenariat avec cet organisme afin de proposer à ses habitants un moyen simple de donner une seconde vie à leurs anciens téléphones, tout en faisant un geste pour la planète. Elle réitère son action de collecte pour la deuxième année consécutive. «Selon les statistiques, il existerait plus de huit millions d’appareils qui sommeillent dans nos tiroirs et dont il n’est plus fait usage en Suisse, fait remarquer la municipale en charge de l’environnement Natacha Litzistorf, en charge du projet avec ses collègues Xavier Company (SiL) et Pierre-Antoine Hildbrand (Sécurité). Cela représente en moyenne un appareil par habitant. Nous pouvons en conclure qu’à Lausanne, il y a un potentiel de 150 000 appareils pouvant être recyclés.» Lors du lancement de cette action en 2023, la Ville s’était fixé  pour but de collecter entre 1 000 et 2 000 appareils. Bilan:  1340 appareils collectés sur une période d’environ huit mois. Une réussite? Natacha Litzistorf tempère: «990 l’ont été via le service des objets trouvés de la Police, qui est partie prenante du projet au travers de mon collègue Pierre-Antoine Hildbrand. Le nombre d’appareils déposés par les citoyens s’élève donc à 350. Nous devons encore communiquer davantage sur cette possibilité.»
Diagnostic, revente ou recyclage
Mais qu’arrive-t-il à votre téléphone une fois déposé dans l’un de ces contenants? Thomas Putallaz, président de l’association NoOps, nous l’explique: «Une fois le contenu des boîtes de collecte récolté, nous procédons à leur diagnostic: nous déterminons si les appareils peuvent partir dans une filière de seconde main, ou s’ils doivent être démontés afin que leurs composants puissent être réutilisés.»
Dans le premier cas, si l’appareil est encore en bon état de marche, il poursuit son chemin jusqu’à l’association «Réalise», toujours à Genève. Là-bas, des contrôles techniques et de qualité sont effectués afin que l’appareil réponde aux attentes du client. Puis votre ancien smartphone est remis en vente sur la plateforme en ligne recommerce.swiss, où il fera le bonheur d’un nouvel utilisateur. En revanche, si l’appareil est trop abîmé, il est acheminé dans les ateliers de l’association, situés dans les locaux du CSP à Genève. Là-bas, il est méticuleusement démonté afin que ses différents composants en soient extraits. Nickel, cuivre, or, argent, platine, carbone, aluminium, plastiques, et l’on en passe; un téléphone portable est composé d’environ 70 matériaux différents. 
Valorisé localement 
«L’avantage, en plus du recyclage des matières, est que cette valorisation s’effectue dans un circuit local, contrairement au flux conventionnel des déchets électroniques qui sont broyés avant d’être exportés. La majeure partie des ressources de l’appareil est alors perdue car elle devient inutilisable», poursuit Thomas Putallaz. C’est précisément ce qu’il veut éviter. C’est pourquoi après le désassemblage de l’appareil, l’association travaille avec des entreprises de recyclage, notamment de métaux, de la région genevoise. Thomas Putallaz se refuse à nous indiquer les noms de ces entreprises. «NoOps ne possède pas de partenaires exclusifs et je ne souhaite pas mettre en avant une entreprise plutôt qu’une autre. Les entreprises à qui nous faisons appel dépendent des lots de matériaux dont nous disposons.» Des matières qui trouveront une deuxième vie par exemple dans un circuit électrique, une gouttière ou dans des produits électroniques ou de technologie. Globalement, 5% des appareils peuvent être reconditionnés et vendus ensuite en seconde main, et 95% finissent au recyclage.
«Simple mais efficace»
Pour Lausanne, ce projet s’inscrit dans sa démarche de labellisation «Numérique responsable de niveau 2». La Ville est la première collectivité publique de Suisse à avoir obtenu ce label, habituellement plébiscité et obtenu par les entreprises. Pour le garder, elle doit remplir certaines exigences et est régulièrement auditée. «Faciliter cette collecte est un maillon important qui permet de mettre en place ce processus vertueux. C’est un projet simple mais efficace», conclut Natacha Litzistorf. 

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