TÉMOIGNAGE • L’année dernière, le Lausannois Maxime D’Ignoti s’est retrouvé nez à nez, en pleine nuit, avec un individu qui s’était infiltré dans son appartement. Une expérience traumatisante qu’il souhaite aujourd’hui partager alors que les statistiques confirment l’augmentation des home-jackings dans le canton.
Le 2 mars 2024 vers 4 heures du matin, Maxime D’Ignoti ouvre les yeux, réveillé par un bruit dans son appartement. Encore fraîchement papa d’une petite fille âgée de huit mois, il ne s’en alarme d’abord pas: «Je me suis dit que ma femme s’était levée pour s’occuper de notre fille qui dormait depuis peu dans sa propre chambre.»
Sauf qu’en se retournant dans son lit, il réalise que son épouse est à côté de lui, la petite dans les bras. Encore ensommeillé, il imagine que, les fenêtres étant ouvertes, le bruit provient de l’extérieur. Cela le tient néanmoins en éveil jusqu’au moment où il aperçoit une lumière sous le pas de la porte. «En sursaut, j’ai réveillé ma femme et j’ai dit; il y a quelqu’un dans l’appartement!»
Confrontation
Sans réfléchir, l’homme de 36 ans se lève, sort de sa chambre, allume les lumières du couloir et crie. «Je me suis alors retrouvé face à un homme qui sortait de notre bibliothèque.» Le malfrat tente de s’enfuir par la rangée d’escaliers se trouvant entre eux deux. «J’ai attrapé le petit transat de bébé à mes pieds et je le lui ai lancé dessus.» Le transat touche l’individu à la tête, ce dernier s’écroule. «À ce moment, je me suis dit que je ne pouvais pas le laisser partir. Je lui ai sauté dessus et je l’ai immobilisé jusqu’à ce que la police arrive. Je n’avais pas l’intention de lui faire du mal, l’instinct et l’adrénaline ont pris le dessus. Je me suis dit que je devais nous protéger, protéger ma femme et ma fille.»
Une attitude qui n’est pas recommandée à la population confrontée à ce genre d’expérience traumatisante. «La police m’a ensuite expliqué que cela aurait pu être dangereux, que l’individu aurait pu être armé d’un couteau par exemple. Cela aurait pu être bien pire pour nous. Mais sur le moment je n’ai pas réfléchi, j’ai agi par instinct.»
Le Lausannois tient d’ailleurs à saluer le travail effectué par les forces de l’ordre. «Surtout en ce moment, parce que la police est particulièrement visée par de nombreuses critiques. Il n’empêche que l’on s’est vraiment sentis soutenus et entourés dans cette affaire. La patrouille est aussi arrivée très vite à notre domicile. On leur est très reconnaissants.»
Un deuxième individu s’enfuit
La suite se déroule comme hors du temps. Les agents menottent l’auteur du cambriolage, puis la police scientifique débarque pour la prise d’empreintes. «Je suis allé aux toilettes me rafraîchir et reprendre mes esprits. Là, j’ai réalisé que la fenêtre de la salle de bains était ouverte, ce que j’ai trouvé étrange.» Il le mentionne aux agents de police qui soupçonnent alors la présence d’un complice. Une hypothèse rapidement confirmée par les caméras de surveillance installées dans et hors l’appartement. Le couple avait pris cette mesure sécuritaire une année plus tôt, en 2023, après avoir été victimes d’un premier cambriolage alors qu’ils étaient absents.
Les enregistrements montrent en effet la présence d’une deuxième personne dans le dressing parental, jouxtant la chambre. Au rez-de-chaussée du duplex, de nombreux sacs remplis de matériel volé étaient prêts à être emportés, la porte-fenêtre déjà grande ouverte. En visionnant l’enregistrement des caméras de surveillance, Maxime D’Ignoti réalise que les voleurs étaient dans son appartement depuis 30 minutes avant que cela ne le réveille. «Je pense que c’est ce qui nous a le plus traumatisés. On se sent violés.»
Le malfaiteur qui s’était enfui est finalement arrêté quelques mois plus tard et écope, comme son complice, d’une peine de prison avant d’être relâché. Le jugement final n’a été rendu que récemment. «Il s’agissait de personnes sans autorisation de séjour en Suisse, d’origines algériennes, avec un long casier judiciaire et déjà de nombreuses arrestations. Ils ne se sont jamais présentés à l’audience.»
Retrouver un peu de sérénité
Retour à ce 2 mars 2024. Il est six heures du matin, la police a quitté les lieux, le temps semble suspendu et le contrecoup arrive. «La petite pleure, il faut lui donner à manger, bref se charger du quotidien comme s’il ne s’était rien passé. On ne pouvait pas rester là, on était trop bouleversés.»
Le couple prend une semaine de congé et s’en va loger chez la famille le temps d’installer des alarmes sur les portes et digérer ce qui s’était passé. «Lorsque nous sommes revenus dans notre appartement, nous prenions tous les soirs notre fille dans notre chambre. Cela a bien pris quatre mois pour qu’on arrive à dormir plus facilement et que l’on se sente un peu rassurés. Mais encore aujourd’hui on ne se sent pas totalement en sécurité, même si ce n’est plus mon premier réflexe d’aller regarder ce qu’il se passe dehors quand j’entends un bruit.»