EXCLUSIF • En généralisant le 30 km/h la nuit et sur certains tronçons la journée, la Ville a autant contribué à réduire le bruit routier qu’à renflouer ses caisses. En effet, plus de 90’000 infractions ont été relevées en moins de deux ans et près de 4 millions de francs ont été encaissés en amendes d’ordre. Le point avec le municipal en charge de la sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand.
Lausanne Cités: Combien d’amendes ont été infligées depuis l’introduction de la limitation à 30 km/h de nuit à Lausanne?
Pierre-Antoine Hildbrand: Depuis novembre 2023 (ndlr: le dispositif est entré en vigueur en septembre 2021), 11’411 infractions ont été constatées sur les tronçons abaissés à 30 km/h la nuit. Le trafic nocturne représente environ 10% du trafic journalier, soit environ 26’000 véhicules par jour. Les véhicules amendés représentent 0,08% du total des véhicules.
Et pour ce qui concerne les zones limitées à 30 km/h pendant la journée?
Depuis novembre 2023, ce sont 78’599 infractions qui ont été constatées dans les zones limitées à 30 km/h en journée. Pour rappel, selon les chiffres de Lausanne Région, environ 260’000 véhicules entrent et sortent de Lausanne chaque jour. Rapporté à ce volume de trafic, le nombre de véhicules amendés en journée représente donc 0,05 % des véhicules.
Quels sont les tronçons ou les secteurs de la ville où l’on enregistre le plus grand nombre d’infractions? Peut-on identifier des axes particulièrement sensibles ou problématiques?
Les axes principaux sont les plus concernés en terme d’infractions, mais une répartition équitable des secteurs contrôlés équilibre les statistiques.
En matière de contrôles, quels dispositifs sont actuellement utilisés pour faire respecter cette limitation? Disposez-vous essentiellement de radars fixes, de radars mobiles ou également de contrôles ponctuels effectués par les agents de terrain?
Sur notre territoire, les boîtes à feux et les contrôles mobiles (voitures radar) nous permettent de mener à bien cette mission.
Combien de contrôles de vitesse ont été réalisés spécifiquement durant la nuit afin de vérifier le respect du 30 km/h?
Depuis novembre 2023, 678 contrôles liés au 30 km/h nocturne ont été effectués.
Selon la Municipalité, cette limitation nocturne à 30 km/h est-elle globalement respectée par les automobilistes? Et, dans le cas contraire, quelles mesures supplémentaires pourraient être envisagées pour améliorer le respect de la règle?
Pour savoir si la nouvelle limitation est respectée par les automobilistes, il faut se baser sur les normes de l’Association suisse des professionnels de la route et des transports (VSS) et leur vitesse «V85». Soit la vitesse en-dessous de laquelle circulent 85% des véhicules enregistrés. Si la vitesse V85 ne dépasse pas les 38 km/h dans une rue limitée à 30 km/h, la VSS estime que le régime en vigueur est respecté et ne requiert pas d’adaptation supplémentaire. Lors d’un premier bilan effectué trois mois après le déploiement de la mesure, les données fournies par les indicateurs de vitesse montrent que la très grande majorité des automobilistes ont adapté leur comportement avec des vitesses V85 allant de 35 à 36 km/h en moyenne. Une vitesse certes supérieure aux 30 km/h réglementaires, mais suffisamment basse pour atteindre le but de diminuer le bruit routier.
Les services de police lausannois disposent-ils des ressources humaines et matérielles nécessaires pour assurer une surveillance efficace et équitable de ces limitations dans l’ensemble des quartiers de la ville?
Oui, les ressources sont suffisantes.
S’agissant des tronçons où le 30 km/h est appliqué en journée, constate-t-on davantage d’amendes que sur les axes où la vitesse reste limitée à 50 km/h?
Nous n’avons pas de chiffres spécifiques à donner sur ce sujet car nous travaillons toujours avec des marges de tolérance quand de nouvelles limitations sont installées.
Quel est le montant total des amendes encaissées par la Ville de Lausanne en lien avec les infractions au 30 km/h, de jour comme de nuit, depuis l’entrée en vigueur de cette mesure?
Le montant des amendes d’ordre encaissé par le Corps de police entre le 1er novembre 2023 et le 30 juin 2025 est de 3’750’000 francs sur un total d’environ 23 millions pour les amendes aux comptes 2024. Le chiffre de 3’750’000 de francs concerne exclusivement les amendes d’ordre payées. Les amendes contestées ou non réglées dans le délai légal de 30 jours ne sont pas comprises. En effet, elles sont transmises à la Commission des contraventions. Nous ne possédons pas les chiffres relatifs à leur encaissement.
Ces revenus issus des amendes liées au 30 km/h sont-ils affectés à des projets spécifiques, par exemple à des mesures de sécurité routière, à des aménagements urbains ou à l’amélioration de la qualité de vie dans l’espace public, ou bien sont-ils intégrés de manière globale dans le budget de la Ville?
Toutes les recettes de la Ville vont au pot commun et servent à financer le budget établi et approuvé par le Conseil communal.
La Municipalité envisage-t-elle de renforcer encore les contrôles et les sanctions dans les zones où le respect de la limitation à 30 km/h reste jugé insuffisant, ou préfère-t-elle privilégier pour l’instant la sensibilisation et la prévention?
Selon les résultats du premier bilan, une très grande majorité des automobilistes ont adapté leur comportement. Nous continuons toutefois à sensibiliser la population, notamment grâce aux indicateurs de vitesse. À nouveau, il est essentiel de rappeler que la modération des vitesses est un enjeu de santé publique. La modération des vitesses a également un effet en matière de sécurité. En cas de collision avec un véhicule, à 30 km/h, les chances de survie d’une piétonne ou d’un piéton sont de plus de 90%. À 50 km/h ce chiffre descend à 70%.
