COMMERCE • La rue la plus chic de Lausanne ne serait plus que l’ombre d’elle-même selon Claude Jutzi, le président de l’association des commerçants du quartier. Un constat amplement partagé par la conseillère communale PLR, Pauline Blanc. Cette dernière souhaite que la Ville se bouge pour redynamiser l’artère commerciale.
Les chiffres sont inquiétants, très inquiétants même. En l’espace de 18 mois, 26 commerces situés entre la rue Enning et la place Pépinet ont été contraints de cesser leur activité. «Le pire, c’est que 18 de ces commerces n’ont pas retrouvé de repreneur depuis, déplore Claude Jutzi, président de l’Association du quartier rue de Bourg et St-François. Cela devient vraiment très problématique d’autant que de nombreux commerçants me confient qu’ils sont en grande difficulté car la fréquentation du quartier est en chute libre.»
Au cœur de ce marasme, la rue de Bourg n’est pas épargnée, loin de là. Si tout le monde a encore en tête le départ fracassant du joaillier Cartier en avril 2015, d’autres enseignes emblématiques ont baissé leur rideau ces derniers mois. C’est le cas du concept multimarques de luxe Drake Store qui y avait ouvert une antenne en 2005 suite à son succès en terres genevoises. Même sort pour la boutique Esprit, située au cœur de la rue de Bourg et contrainte de mettre la clé sous le paillasson en mars de cette année.
Une accessibilité à renforcer
Deux exemples qui illustrent les difficultés actuelles du commerce de détail, mais aussi et surtout le relatif déclin d’une rue emblématique de la capitale vaudoise. Un déclin qui ne s’explique pas seulement par l’inflation galopante subie depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme le rappelle Claude Jutzi: «Je me bats pour favoriser l’accessibilité de la rue de Bourg, mais la Municipalité poursuit sa politique de suppression des places de parc, de multiplication des travaux, sans oublier les manifestations qui paralysent l’hypercentre tous les samedis après-midis ou presque. Il ne faut pas s’étonner ensuite que les clients qui n’habitent pas à Lausanne choisissent d’autres villes pour aller faire leurs achats.»
Ce constat, la conseillère communale PLR Pauline Blanc a décidé de le porter politiquement. Elle vient de déposer un postulat baptisé «Un quartier de Bourg dynamique, pour un développement économique» afin de demander à la Ville un coup de pouce pour dynamiser cette artère emblématique: «Il s’agit de mettre en place des conditions-cadres propices d’une part à l’établissement de nouveaux commerces et établissements dans le but de dynamiser le quartier et d’autre part au maintien de l’attractivité économique lausannoise, précise l’élue communale. A titre d’exemple, l’aménagement urbain devrait être revu, l’accessibilité améliorée, les réglementations moins inutilement contraignantes.»
La Ville assure de son soutien
Quand on lui rappelle que le municipal en charge de ce dossier n’est autre que son collègue de parti Pierre-Antoine Hildbrand, Pauline Blanc précise sa pensée: «C’est l’ensemble de la politique menée par la Municipalité qui est décrié. Je renvoie ici particulièrement aux aspects de mobilité, fiscalité et de réglementation communale en général.» Des aspects que le municipal Pierre-Antoine Hildbrand ne souhaite étonnamment pas commenter. Il se contente de nous renseigner laconiquement, à la manière d’une fiche Wikipédia: «La Municipalité partage la volonté de soutenir cette rue emblématique de la Ville. Il s’agit de la première rue piétonne de Suisse, depuis 1962. Elle regroupe des enseignes prestigieuses, dans des bâtiments historiques, et fait le lien entre la place Benjamin-Constant et la place Saint-François. Nous sommes en contact avec les associations de commerçants afin de les soutenir dans l’organisation de manifestations commerciales.» Pas sûr que cela suffise à dissiper les inquiétudes des commerçants de la rue de Bourg à l’approche des Fêtes…