EXCLUSIF • Une étude menée par Serge de Ribaupierre, membre du comité Le Centre Lausanne, révèle que plus de la moitié des commerçants de l’hypercentre ont vu leur chiffre d’affaires baisser ces cinq dernières années. Accessibilité, sécurité, loyers élevés et manque de soutien de la Ville sont les principales difficultés relevées par les personnes interrogées.Explications.
C’est en arpentant les rues de l’hypercentre lausannois que Serge de Ribaupierre, membre du comité Le Centre Lausanne et candidat aux prochaines municipales, a eu l’idée de lancer sa propre étude sur la santé économique des commerçants de la ville. «En voyant les boutiques fermer les unes après les autres, j’ai voulu comprendre les causes de ce marasme, précise-t-il. J’ai donc pris mon bâton de pèlerin et je suis allé, durant plusieurs mois, à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui se battent au quotidien pour garder la tête hors de l’eau.»
Quatre difficultés majeures
Entièrement menée via un questionnaire en ligne, l’enquête a permis de compiler 112 réponses complètes et utilisables. Et les conclusions, sans être vraiment surprenantes, n’en dressent pas moins un tableau préoccupant. Parmi la centaine de commerçants interrogés, 59% déplorent une baisse de leur chiffre d’affaires au cours des cinq dernières années.
Les problèmes évoqués sont multiples, mais quatre ressortent avec insistance: l’accessibilité au centre-ville, le sentiment d’insécurité, le manque de soutien de la Ville et des loyers jugés trop élevés. «Les commerçants estiment que l’accès au centre-ville s’est fortement complexifié, entre réduction du stationnement, chantiers, manifestations, trafic saturé et des transports publics qui peinent à suivre, souligne le centriste. Mon étude le confirme: l’accessibilité ressort comme la première difficulté.»
Le climat sécuritaire pèse
Autre signal d’alarme, déjà relevé à plusieurs reprises par les associations de commerçants: la dégradation du climat sécuritaire. Selon l’étude, celui-ci décourage de nombreux clients, en particulier non-lausannois, à venir faire leurs achats dans la capitale vaudoise: «Tous les commerçants interrogés, sans exception, rapportent une recrudescence d’incivilités: mendicité intrusive, vols, déprédations… Les incidents se multiplient et pèsent sur l’attractivité commerciale.» La troisième difficulté relevée par les commerçants concerne le manque de soutien de la Ville.
Et, fait amusant, c’est le secteur de la culture et des loisirs, habituellement plutôt favorable à la politique menée par la Municipalité, qui se montre le plus critique, devant la restauration, l’alimentation, puis le domaine bancaire et assurantiel. Et la concurrence du commerce en ligne dans tout ça? «Il ne fait clairement pas partie des principales préoccupations des commerçants situés dans l’hypercentre lausannois, note Serge de Ribaupierre. Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre.»
Déménagement ou faillite
Dans sa conclusion, l’étude révèle une tendance inquiétante:20% des commerçants envisagent de fermer définitivement et 22% songent à déménager leur boutique vers une autre ville. «Parmi les destinations citées, on retrouve Morges, Aubonne, Crissier ou Cheseaux. Certains estiment même qu’Yverdon est devenue plus attractive que Lausanne», précise l’auteur de l’enquête. Ces velléités de départ traduisent une inquiétude bien réelle, mais ne signifient pas pour autant une résignation. La grande majorité des commerçants souhaitent poursuivre leur activité, à condition de bénéficier d’un environnement plus favorable. Des mesures ciblées sur la mobilité, la sécurité et une politique de loyers plus équilibrée apparaissent dès lors essentielles pour enrayer les départs et consolider le tissu commercial local. «Les problèmes sont connus, les solutions aussi, souligne le centriste. C’est, finalement, la note d’espoir de cette étude.»