ÉGALITÉ • La jeune artiste lausannoise Marie Macherel a sorti un calendrier féministe de ses coups de pinceaux. Son objectif est double: mieux connaître les luttes féministes, et soutenir quelques associations avec la moitié de ses recettes. Rencontre.
Savez-vous quel jour nous sommes aujourd’hui? Quel saint est fêté ce jour? Quel pays a sa fête nationale? Certainement que oui, ainsi peut-être que des événements phares dont on fête l’anniversaire, quelques informations sur la lune, peut-être même un dicton.
Vous le savez grâce au nombre impressionnant de calendriers qui existent sur le marché, affublés de photos de chats ou de plages, et qui trônent dans les cuisines ou dans les salles d’attente. Et si, au lieu d’un calendrier standard indiquant les jours que tout le monde, à la longue, connaît, on en apprenait un peu plus sur les femmes?
Tout le monde connaît Noël
C’est l’idée de Marie Macherel et de son calendrier «Une année pour elles». Chaque mois, une de ses illustrations de type aquarelle surplombe un calendrier mensuel. Certains jours y sont mis en avant, comme, on s’en doute, le 8 mars, le 14 juin, mais aussi le lancement du mouvement #metoo, le 15 octobre 2017, ou la naissance du mouvement de libération de la femme le 26 août 1970. «J’étais justement assise dans ma cuisine et je me suis dit, c’est bon, Noël, tout le monde sait quand c’est! Mais est-ce qu’on pourrait pas utiliser cet outil pour apprendre des trucs?»
Mais le projet va plus loin, puisque chaque mois, depuis sa mise en vente début octobre, la moitié des recettes des ventes seront reversées à des causes en lien avec les combats du mois. «Je ne peux pas dire que je sois la plus extrême des féministes, mais je trouve que les grèves, par exemple, et les luttes féministes de manière plus générale, sont importantes. Alors je voulais mettre en lumière les femmes, ainsi que toutes les victoires du féminisme. Il ne faut pas oublier d’où on vient et ce qu’on a déjà réussi à faire.»
Femmes artistes
De l’art, la Lausannoise en a toujours fait. Sous toutes ses formes. «Je me sens un peu couteau suisse. Je fais du graphisme, du design, de la vidéo, de la photo, et plein d’autres choses.» Aujourd’hui, elle gagne sa vie surtout grâce à des commandes en illustrations. Et il faut dire qu’en tant qu’artiste femme, entrepreneuse, indépendante, Marie Macherel est aux premières loges d’une société qui voulait la remettre à sa place. «Tous les jours, on se bat dans un monde rempli d’hommes.»
Derrière elle, dans son petit atelier bien caché au cœur de Lausanne, une affiche du groupe anonyme et féministe les Gorilla Girls. «Elles ont beaucoup questionné la façon d’être femme et artiste, en demandant par exemple si, pour qu’une femme entre au musée, il fallait forcément qu’elle soit nue? La difficulté, c’est oser montrer son travail, avoir du courage, ne pas se laisser abattre par le syndrôme de l’imposteur et croire en son travail.»