Par lassitude, Epalinges renonce 
au chemin Marcel Regamey

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Vaud

PASSÉ • Dès le 1er novembre, le chemin Marcel Regamey deviendra un prolongement du chemin de Mon-Repos. La Municipalité souhaite ainsi clore définitivement la polémique autour du passé de ce personnage politique vaudois, auteur de propos antisémites. 

Faire du passé table rase. Telle est la décision que vient de prendre la Municipalité d’Epalinges en acceptant, suite à une prise de position en ce sens du Conseil communal, de débaptiser le chemin Marcel Regamey, du reste seule artère de la commune à porter le nom d’une personnalité. Dès le 1er novembre prochain en effet, le chemin deviendra officiellement un prolongement du chemin de Mon-Repos sis sur la même commune et ce jusqu’à l’ancien terminus du bus 5.
Politicien, avocat, journaliste
Une décision qui suscite l’incompréhension du conseiller communal Vert’libéral Michaël Maeder. «C’est une décision que je déplore, explique-t-il, car on ne peut pas juger les choses du passé avec le regard d’aujourd’hui, même si les propos que Marcel Regamey a pu tenir sont évidemment inacceptables. Mais le choix fait par la Municipalité revient à supprimer le passé, et c’est la pire chose que l’on puisse faire pour empêcher qu’il se reproduise, car c’est justement comme cela que l’on risque de l’oublier». Pour rappel, né en 1905, Marcel Regamey a suivi ses parents à Epalinges en 1915 et a vécu à la Cabolette, domicile familial qu’il partageait avec sa sœur Jeanne et qui fut première et seule femme conseillère communale pendant huit ans. 
Fondateur du mouvement Ordre et Tradition, ancêtre de la ligue vaudoise, cette personnalité politique par ailleurs également avocat et journaliste fut également l’auteur de publications jugées antisémites. Au point qu’en 2014 déjà, un conseiller communal exprima le souhait que l’on débaptisât le chemin qui portait son nom. Une décision rejetée en 2015 par la commission ad hoc, mais qui aboutit au retrait des termes «humaniste» et «patriote» qui figuraient sur la plaque indiquant le nom du chemin. 
Près de dix ans plus tard, en février 2023, la question revient sur le tapis, cette fois par le biais d’un postulat de la conseillère communale Fabienne Bride qui exprimait sa «honte que le seul chemin nominatif de la commune mette à l'honneur un tel personnage». Cette fois en revanche, le Conseil communal entre en matière et accepte le retrait pur et simple du nom du personnage historique, un choix entériné par la Municipalité.
Revirement
Comment expliquer un tel revirement? La réponse est simple: la lassitude. «Pour pacifier cette question qui agite Epalinges depuis longtemps, nous avons en effet choisi débaptiser le chemin, explique Alain Monod, le syndic d’Epalinges. Nous avons pris la peine de consulter aussi bien la famille de Marcel Regamey que ceux des autorités de l’époque qui sont encore vivants, et le sentiment général est qu’il est temps de passer à autre chose. D’ailleurs décision a été également prise de ne plus attribuer de noms de personnalités dans la commune».  Michaël Maeder a un avis bien différent sur la question:«Pour moi, la décision juste aurait été de conserver le nom du chemin avec une plaque ou un QR code permettant de contextualiser la vie et le parcours de Marcel Regamey, comme l’ont fait d’autres municipalités pour d’autres personnages. Il est important aujourd’hui que le public puisse savoir et véritablement comprendre comment de telles idées ont pu exister». 
Pas de quoi convaincre le syndic palinzard, Alain Monod qui précise:«Bien sûr que l’on aurait pu faire cela, car finalement contextualiser les choses est une démarche intéressante et importante. Mais si nous l’avions fait, il est certain que dans les années à venir, nous aurions reçu une nouvelle intervention politique pour que le chemin soit débaptisé. Autant donc clore la question dès maintenant».

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