Nicola Di Giulio: «Nous sommes nombreux à payer l’affaire Voiblet»

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Vaud


DISSENSIONS • Brutalement décédé en fin de semaine passée, le conseiller communal lausannois et député UDC au Grand Conseil, Nicola Di Giulio venait de donner sa dernière interview à la presse à Lausanne Cités. En s'en prenant vertement à Kevin Grangier, président sortant de la section vaudoise de son parti qu'il accusait de minimiser le rôle des élus lausannois UDC. 

Lausanne Cités: L’interview bilan du président sortant de l’UDC Vaud Kevin Grangier dans  Lausanne Cités  (25.09.2024) vous a fait réagir. Pourquoi?
Nicola Di Giulio:  Je souhaite contredire fermement l’affirmation selon laquelle «à Lausanne, l’UDC n’a pas encore trouvé la bonne formule». Je ne pense pas que le rôle de Kevin Grangier soit de distribuer les bons et les mauvais points comme on distribue des gommettes à l’école et nous sommes nombreux à trouver cela très inélégant. Mettre en avant Fabrice Moscheni me semble en outre paradoxal, étant donné qu’il a largement déserté la politique communale lausannoise avant de démissionner.

Donc l’UDC Lausanne aurait bel et bien réussi à «trouver la bonne formule»?
La déclaration de Kevin Grangier ignore les efforts et les résultats obtenus par les membres dévoués de l'UDC au sein du Conseil communal de Lausanne. Les conseillers communaux UDC, tels que Valentin Christe, Jean-Luc Masson, Josée-Christine Lavanchy, Elouane Indermuhle, Thibault Schaller, Patrizia Mori et moi-même, ont travaillé sans relâche pour proposer des initiatives concrètes et constructives et répondre aux préoccupations des citoyens lausannois. Que ce soit en matière de sécurité, de fiscalité, de gestion des finances publiques, de défense des valeurs locales, ou des intérêts des personnes handicapées, les représentants de l'UDC ont toujours été présents et actifs pour promouvoir des solutions pragmatiques et efficaces.

Comment expliquez-vous que Kevin Grangier ne leur ait pas rendu hommage à eux aussi? 
A mon avis cet ostracisme remonte à l’affaire Voiblet, puisque nous étions quelques-uns à l’avoir suivi au moment où il avait fondé le parti libéral-conservateur. Nous payons cette loyauté et cet héritage du passé aujourd’hui.

Malgré ses efforts, difficile de nier que les résultats de l’UDC Lausanne sont plutôt modestes… 
Forcément, puisque le peuple de Lausanne a élu une très large majorité de personnes de gauche. En tant qu’élu de droite et je suis bien placé pour le savoir en tant qu’ancien président du Conseil communal, vous pouvez y parler des heures et des heures, cela ne changera absolument rien au final, tant la majorité de gauche a un boulevard devant elle. Au Grand Conseil, c’est un peu plus facile puisqu’on y trouve une petite majorité de droite.

Kevin Grangier déplore l’absence de profils féminins à l’UDC Lausanne. Qu’en pensez-vous?
Kevin Grangier a beau jeu de dire cela. Oublie-t-il que l’actuelle présidente ad interim de l’UDC Lausanne est Patrizia Mori, au profit de laquelle je m’étais d’ailleurs désisté quand elle a manifesté son intérêt pour la fonction, estimant justement qu’un profil féminin était utile à l’UDC?

Pourquoi ne pas avoir posé votre candidature pour succéder à Kevin Grangier à la tête de l’UDC Vaud?
Parce que ce serait peine perdue! Au sein du groupe UDC au Grand Conseil, certains membres ont systématiquement veillé à me casser les jambes et j’ai le sentiment que si cela avait été possible, ils m’auraient déjà éjecté de l’UDC pour me pousser à siéger en tant qu’indépendant, à l’instar de Claude-Alain Voiblet. Honnêtement, je me suis bien souvent senti discriminé au sein de mon propre groupe, et on m’a souvent fait comprendre que j’en faisais trop, que je risquais de faire de l’ombre à ceux qui allaient arriver ensuite. Pourtant, je ne brigue rien et n’ai aucune ambition personnelle, je souhaite juste œuvrer en faveur de tous les Vaudois y compris ceux qui ne m’ont pas élu.  

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