A Morges, la question des logements abordables est au centre des débats

Rédigé par
Diego Buccino
Vaud

PÉNURIE • Portée par une initiative populaire plutôt ambitieuse, la Municipalité de Morges cherche à concilier les attentes des citoyens avec les défis financiers et urbanistiques.

Le marché immobilier en Suisse, particulièrement dans la région lémanique, subit une pression croissante. Les prix ne cessent de grimper et trouver un logement abordable est devenu une tâche ardue pour beaucoup. La ville de Morges n’échappe pas à cette réalité. 
Avec l’initiative populaire «Pour davantage de logements abordables» qui a récemment abouti, la Municipalité se retrouve face à un défi majeur: concilier les attentes des citoyens avec les contraintes urbanistiques et financières de la ville.
Une situation difficile 
A Morges, comme dans plusieurs autres villes de la région, la situation devient préoccupante. «Il devient de plus en plus difficile de trouver un logement dans notre région, surtout à un prix abordable», explique Laurent Pellegrino, municipal en charge du logement. Consciente de ce problème, la Municipalité mène actuellement une étude pour analyser les besoins des habitants et formuler des propositions concrètes d’ici la fin de l’année. Parmi les pistes envisagées, le droit de préemption occupe une place importante. Il permet à la commune d’acquérir un bien immobilier en priorité, afin de l’utiliser à des fins d’utilité publique comme la création de logements abordables. «Nous avons récemment exercé ce droit à l’avenue des Pâquis 5, où nous avons racheté une maison et son terrain pour un coût total de 3,5 millions de francs, précise Laurent Pellegrino. L’objectif est ensuite de créer un immeuble avec des logements d’utilité publique (LUP).»
Intensifier les actions
L’initiative populaire «Pour davantage de logements abordables» a recueilli 2020 signatures sur les 1758 requises. Cette dernière demande à la ville d’intensifier l’utilisation de ce droit de préemption pour acquérir d’autres propriétés et les transformer en logements d’utilité publique (LUP)  destinés principalement aux personnes à revenus modestes. Pour ce faire, les initiants proposent de créer un fonds de 5 millions de francs pour soutenir ces acquisitions, avec une dotation annuelle d’au moins 30% de la part communale sur les gains immobiliers de l’exercice écoulé. Cependant, cette proposition se heurte à plusieurs obstacles. D’une part, la Municipalité est contrainte par un plafond d’endettement fixé par le Conseil communal, ce qui limite sa capacité à engager des dépenses importantes. D’autre part, la création d’un tel fonds est compliquée par le MCH2, une nouvelle norme comptable cantonale qui impose des restrictions sur la constitution de fonds publics. «Nous devons analyser comment rendre cette initiative conforme aux exigences légales actuelles», souligne le municipal en charge du logement.
Un bon de 10% demandé
L’initiative vise également à porter la proportion de LUP à 15 % de l’ensemble des logements morgiens. Un objectif ambitieux compte tenu de la densité déjà élevée de la ville. 
Actuellement, la part des LUP se situe juste en dessous de 5% sur plus de 9500 logements à Morges. «Atteindre 15% sans construire de nouveaux immeubles semble compliqué. Avec la densité actuelle, soit nous construisons encore davantage, soit nous multiplions les droits de préemption, mais cela reste un défi énorme d’un point de vue financier», conclut sans détours Laurent Pellegrino. 

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