«A l’EPFL se met en place une sélection par l’argent»

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Vaud

FORMATION • Les étudiants étrangers actuellement en bachelor à l’EPFL verront leurs taxes d’inscription tripler s’ils désirent poursuivre leur cursus par un master à la haute école. Un «non-sens effarant» déplore l’association des étudiants. 

C’est une défaite amère. Depuis des mois, les étudiants de l’EPFL bataillent contre la volonté des autorités politiques d’augmenter les taxes d’inscription à leur école, pour les étudiants étrangers. 
«C’est fini, malgré notre opposition et celles des Conseils des EPF de Lausanne et de Zurich, les chambres fédérales ont entériné l’augmentation de ces taxes d’au minimum trois fois le montant actuel. C’est contre nos valeurs et c’est contre l’intérêt de la Suisse d’autant que cela induit une sélection par l’argent et non par la compétence, déplore Alexia Giroud Nyer, coprésidente d’AGEPoly, l’Association Générale des Etudiant·e·s de l'EPFL. Nous allons orienter nos efforts pour travailler avec les écoles polytechniques fédérales sur des projets d’éventuelles bourses d’études, même si cela est loin d’être gagné.» 
Taxes triplées
Dès la rentrée universitaire de septembre 2025, les étudiants étrangers dans les Ecoles polytechniques fédérales (EPF) verront leurs taxes augmenter et progressivement passer de 730 à 2190 francs par semestre, les émoluments demandés aux Suisses demeurant inchangés. Ce changement ne s’appliquera qu’aux nouveaux étrangers inscrits, les étudiants en cours de formation n’y étant pas soumis, du moins jusqu’à l’obtention de leur bachelor. Car une fois celui-ci en poche, l’inscription à un éventuel master sera quant à elle bel et bien subordonnée au paiement des nouveaux tarifs.
Une décision incompréhensible pour l’association des étudiants de l’EPFL. «Ce qu’il faut avoir à l’esprit c’est qu’un bachelor n’est pas un diplôme d’ingénieur et ne permet pas d’exercer à ce titre, ni en Suisse ni à l’étranger, explique déplore Alexia Giroud Nyer. C’est la raison pour laquelle l’immense majorité des étudiants de l’EPFL s’inscrit ensuite pour un master». Résultat: les étudiants étrangers qui n’en auront pas les moyens devront soit s’endetter – «une dérive à l’anglo-saxonne», soit… quitter la Suisse pour effectuer leur master ailleurs. «Il est absolument effarant de voir que la Suisse qui aura beaucoup investi sur ces étudiants durant leurs trois années de formation, va devoir ensuite s’en passer alors que son économie en a tant besoin.»
Année perdue
La situation est encore plus préjudiciable pour les étrangers qui termineront leur bachelor en juin prochain, puisque la date limite pour les inscriptions en master à l’étranger est en général au mois de décembre, moment où les chambres ont confirmé le triplement des taxes. 
«Cela veut dire que ceux qui ne pourront pas payer les nouveaux montants vont en plus perdre une année universitaire, conclut la coprésidente de l’AGEPoly. Les Conseils des EPF, soit Zurich et Lausanne, ont une marge de manœuvre pour des mesures transitoires, et ils pourraient au moins faire un geste pour ces étudiants». Pour rappel, l’EPFL compte actuellement environ 50% d’étudiants étrangers.

En savoir plus