Le village d’Oulens n’a plus d’épicerie

Rédigé par
Elise Dottrens
Vaud

COMMERCE • Le magasin de la petite commune d’Oulens-sous-Echallens a fermé cet été. Depuis, la plupart des habitants doivent prendre la voiture pour aller s’approvisionner en produits de première nécessité. La Municipalité examine les solutions pour faire revivre l’endroit.

Au centre du village d’environ 600 habitants, les locaux de l’ancienne épicerie ont l’air bien tristes. C’est que depuis le mois d’août, le commerce «Épicerie d’Oulens Sàrl» a été déclaré en faillite. Dans le village, tout le monde déplore cette perte. «C’est du gâchis, tout le monde la regrette énormément, «explique l’agriculteur Alain Vulliamy, qui loge à 50 mètres de l’ancien commerce. «Maintenant, il faut forcément prendre la voiture, et on voit passer beaucoup moins de monde. C’est désormais un village désert.» «Pour les villageois, il s’agissait d’avoir du pain frais tous les jours, mais aussi d’avoir un lien social, surtout pour les plus vieux», ajoute Sylvain Bigler, également habitant de la commune. Et en effet, mis à part les échos venant de la cour d'école, en ce mardi matin, les rares passages sont dûs aux différentes zones industrielles de la commune voisine. Mais pas un chat ne traverse le village à pied. Mareva Martin était la gérante de la petite épicerie jusqu'à sa faillite. «Comme nous n’avions pas de production, nous vivions uniquement sur les marges que l’on prenait. Et ça ne suffisait plus. Mais c’est un bout du cœur du village qui part.»
Villages voisins à la rescousse
«C’est évidemment une perte d’attractivité importante pour notre village», complète la Municipalité, par la voix de son syndic Nicolas Croce. «L’épicerie réunissait toutes les générations de notre village dans un lieu central. C’est une perte sociale évidente qu’il faudra combler. De nombreux habitants sont attristés par la perte de ce lieu de vie et de proximité.» Si la faillite de l’épicerie est principalement due à des facteurs financiers, ces derniers découlent d’une situation peu propice aux épiceries de quartier ou de commune. Pour la Municipalité, elle est économique et sociale: concurrence des grands magasins, conditions imposées par certains fournisseurs, ou encore le manque de renouvellement de la population. Car les habitudes de consommation changent et il est moins aisé d’attirer une clientèle plus jeune, qui ne travaille pas forcément au sein de la commune et qui a donc d’autres possibilités pour faire ses courses.
Discussions en cours
Il reste quelques self-services et marchés à la ferme dans la commune, tenus par des agriculteurs, tels qu’Alain Vulliamy et Sylvain Bigler. Mais aucun des deux n’a observé d’augmentation de leurs ventes, contrairement aux villages alentours, où la plupart des habitants indiquent aller dorénavant. 
Aujourd’hui, Municipalité et habitants veulent aller de l’avant. Car même malgré les nouvelles habitudes de consommation, le vide qu’a laissé l’épicerie est preuve de sa nécessité. «À ce jour, plusieurs options sont à l’étude concernant le futur du local, indique le syndic. «Nous cherchons une solution qui puisse répondre aux besoins de la commune tout en valorisant cet espace. Certaines propositions incluent la possibilité d’y installer un autre commerce de proximité, ou encore d’y aménager un lieu multifonctionnel pouvant accueillir des activités pour les habitants. Les discussions sont encore en cours.»
Plusieurs personnes se sont déjà annoncées, sans pourtant qu’un projet n’ait déjà été sélectionné. Pour l’ancienne gérante, il faut repenser à un concept plus précis. «Ne faire "qu’une" épicerie n’aurait aucun sens», explique Mareva Martin. «Il faut qu’il y ait quelque chose en plus, pour que les gens aient envie de se déplacer pour ça.» Il faudra encore quelques mois de patience aux Oulanais pour se retrouver autour d’une caisse enregistreuse. 

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