DURABILITÉ • Nichée à la rue de la Tour, l’association La Trame propose un magasin de deuxième main ainsi que des ateliers de couture. Un concept global pour sensibiliser à la surconsommation de textiles.
Après avoir traversé les rayonnages de la friperie, les locaux longilignes de La Trame révèlent la pièce maîtresse du lieu: l’atelier de couture, lumineusement bordé de fenêtres donnant sur la rue de l’Ale. Au centre de la pièce, Fayez, qui travaille ici un jour par semaine en tant que couturier, est occupé à confectionner des assises de transats à partir d’anciennes bâches événementielles.
Ecologique et social
Réutiliser et «valoriser l’existant», c’est justement la raison d’être de La Trame, qui fêtera ses trois ans en mars prochain. Pensé comme un «lieu de rencontre autour du textile», l’association poursuit deux buts: écologique tout d’abord, avec son magasin de deuxième main et ses ateliers de réparation de vêtements. Mais social aussi. «Dès le départ, je souhaitais faire de ce lieu un lieu de mixité, de culture et de partage», indique Isa Boucharlat, fondatrice du lieu, et costumière depuis 35 ans. Cette dimension se retrouve aussi dans les démarches d’intégration chères à l’équipe. Exemple: grâce au Fonds lausannois d’intégration et au Prix Solidarité 2024 des Retraites Populaires qu’elle a remporté, La Trame offre des cours de couture gratuits à de jeunes migrants.
Un tri conscient et réfléchi
Aujourd’hui, Léa est venue de Morges pour donner des vêtements, profitant de la semaine dédiée à cela. «C’est la première fois que je fais un don ici, mais je suis déjà venue pour acheter des tissus et des laines car je pratique la couture et le crochet durant mes loisirs.» Au comptoir, Laure Paschoud Kunik, styliste et cofondatrice de La Trame, ausculte les vêtements. Ceux qui ne seront pas gardés, Léa repartira avec.
L’achat de vêtements de seconde main est en augmentation mais ses adeptes ne représentent toutefois que 15% de la population, selon une étude REMP. Les Suisses envoient dans le circuit de seconde main plus de vêtements que ce qu’ils ne s’y fournissent. Ce qui peut poser un problème aux associations. La Trame en a fait l’expérience: au départ, elle acceptait tout sans sélectionner au préalable. «Nous nous sommes vite retrouvées submergées, à ne devoir faire que du tri. Et puis, nous devions tout de même nous débarrasser de tout ce qui n’était pas revendable.»
Depuis, les vêtements recueillis et destinés à être vendus sont minutieusement sélectionnés. Parfois, ils sont aussi redonnés à d’autres associations, ou même déposés devant le magasin, pour les personnes dans le besoin.
Sensibiliser au gaspillage
Dans le sous-sol du magasin, une grande pièce de stockage contient encore des centaines de vêtements en attente d’être triés ou mis en rayon. «Le problème, c’est la qualité des vêtements qui se dégrade. On pense que tout peut encore servir, mais de nombreux textiles sont juste bons à être jetés car on ne peut plus rien en faire», regrette Laure Paschoud Kunik.
Au travers de ses cours de couture, La Trame ambitionne aussi de sensibiliser à la valeur d’un vêtement. «Lorsque l’on se rend compte du travail qu’il y a derrière sa création, on ne peut plus le dévaloriser et le considérer comme un bien jetable.»