Après le cambriolage du Louvre, le malaise est palpable dans les musées lausannois

Rédigé par
Elise Dottrens
Lausanne

SÉCURITÉ • Suite au braquage du Louvre, le 19 octobre dernier, Lausanne Cités s’est interrogé sur la sécurité des musées lausannois. Mais les institutions restent particulièrement discrètes. Silence légitime ou embarrassé? 

Est-ce qu’un monte-charge pourrait venir se parquer devant le musée d’art de Pully? Est-ce que les fenêtres du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) pourraient être brisées à l’aide d’une disqueuse sans fil? Est-ce que si «Le taureau dans les alpes» d’Eugène Burnand disparaissait de son clou, une alarme retentirait? 
Deux semaines après le braquage du Louvre à Paris, lors duquel neuf bijoux et joyaux de la Couronne de France ont été dérobés, les musées de la région lausannoise restent bien discrets sur leurs systèmes de sécurité. Contacté, le Musée cantonal des Beaux Arts de Lausanne, par exemple, a refusé de répondre à nos sollicitations. 
L’institution s’est contentée d’une réponse laconique à nos confrères de l’ATS: «Nous pouvons toutefois vous assurer que la protection des œuvres et du public demeure une priorité, et que le musée veille en permanence à l’adaptation de ses dispositifs». Son voisin d’en face, Le Musée cantonal pour la photographie Photo Elysée, explique son refus: «Pour des raisons de sécurité évidentes, nous ne traitons pas des questions liées à la sécurité des œuvres. Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’actualité a un impact sur cette dernière.» Plus étonnant, l’association Lausanne Musées, également contactée à de multiples reprises, par e-mail et voie téléphonique, n’a jamais répondu à nos diverses demandes. 
Situation délicate
Richard Richiger, de l’entreprise de sécurité romande Visiotech, explique les possibles raisons à ce silence: «Certains musées sont très équipés, d’autres pas du tout, et c’est pour ça qu’ils ne veulent pas en parler.» Mais lui aussi admet que la situation est délicate et n’a pas voulu s’épancher sur le sujet. Je pense qu’il va y avoir des réactions, et j’espère que les responsables de musées vont se réveiller un peu!» 
Si banques, bijouteries et aéroports font aujourd’hui partie des endroits les mieux gardés, il est vrai que les entrées des musées sont plus accessibles. En 2021, déjà dans un contexte d’inquiétude pour un patrimoine de plus en plus souvent la cible de pillages, l’organisation internationale de police criminelle, Interpol, lançait une application mobile à destination des musées et autres sites historiques et de patrimoine. 
Certains musées en Suisse romande utilisent d’ores et déjà l’application. Car, depuis plusieurs années, les vols d’œuvres d’art se professionnalisent et les moyens employés par les malfaiteurs se modernisent. Caméras neutralisées, brouilleurs de signaux, drones pour repérage: les scénarios se rapprochent parfois de véritables films d’action. 
Face à ces risques, la question du renforcement de la sécurité reste sensible. C’est particulièrement vrai dans la région lausannoise, où les institutions culturelles, conscientes de leur vulnérabilité, préfèrent désormais la discrétion à la transparence...

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