Un papy lausannois part en guerre contre la drogue

Rédigé par
Fabio Bonavita
Lausanne

RAS-LE-BOL • Des centaines d’affiches alertant sur les ravages de la drogue ont été placardées à la Riponne, au Tunnel et dans la rue de la Mercerie. A l’origine de cette démarche citoyenne qui se veut apolitique: un retraité de 74 ans que nous avons rencontré.
Derrière ses airs de papy coulant une paisible retraite dans l’est lausannois, Olivier Rapin cache une pugnacité rare. Depuis plus de vingt ans, ce retraité se bat, à sa modeste échelle, pour éviter que les jeunes ne tombent dans la spirale de la drogue. «J’ai longtemps habité dans le quartier du Valentin donc j’ai pu constater de mes propres yeux la dégradation du centre-ville. Au fil des années, il y avait toujours plus de jeunes toxicomanes et donc de dealers. J’ai essayé de parler à ces gamins, certains m’écoutent et d’autres s’en fichent.» 
Il ajoute dépité: «Des gens pissent sans gêne dans les entrées d’immeubles, crient au milieu de la rue, se piquent au vu et au su de tout le monde, c’est vraiment devenu infernal. Les politiciens ne font rien, les policiers se disent démunis et au final c’est la population et les commerçants qui trinquent!»
Un message qui fait mouche
Conscient de la complexité du problème, Olivier Rapin a tout de même décidé d’agir à sa manière. Avec l’aide d’un ami graphiste, il a conçu une série d’affiches percutantes. Puis, armé de son scooter, il a sillonné les quartiers sensibles de Lausanne - la Riponne, le Tunnel, la Mercerie - pour y coller environ 300 exemplaires, soit un tiers de son stock. «Je vais continuer la distribution dans les semaines à venir, confie-t-il. J’ai vu des jeunes lire les affiches. Si j’en dissuade ne serait-ce qu’un seul de toucher à la drogue, j’aurai gagné mon pari.»
La menace du fentanyl
Pour toucher son public, Olivier Rapin a misé sur des messages directs et accessibles: «Vous les jeunes! Ne gâchez pas votre vie en cédant aux vendeurs de stupéfiants», «La drogue nuit gravement à votre santé, votre liberté, votre budget» Ou encore: «Soyez responsables, ne prenez pas de risques!» A 74 ans, il espère enfin faire entendre son cri d’alarme, même s’il n’a plus beaucoup d’illusions: «Le laxisme généralisé mène droit dans le mur. Un jour, le fentanyl arrivera à Lausanne. Et ce sera encore bien pire qu’aujourd’hui.» 

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