Abris antiatomiques: comment Lausanne se prépare

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Lausanne

INSTABILITÉ • Alors que la situation internationale est de plus en plus instable avec divers conflits qui perdurent, les bons vieux abris antiatomiques retrouvent leur utilité. En léger déficit de places disponibles, Lausanne vérifie la conformité des abris existants et en construit de nouveaux. 

La situation a un parfum lointain de guerre froide, dont seuls les plus âgés peuvent se souvenir. En avril dernier, le Canton de Vaud procédait à la distribution dans le cadre d’un tout-ménages, d’une brochure informant la population de la raison d’être des points de rencontre d’urgence, tout en rappelant au passage quelques consignes comportementales pour se préparer en cas de situation d’urgence: argent liquide, réserves de nourritures, de bougies et de médicaments, etc. 
Évidemment, cette démarche a pris une résonance particulière en cette période perturbée où la guerre est revenue sur le continent européen. Au point qu’au-delà des points d’urgence, certains se sont également interrogés sur la disponibilité de nos fameux abris antiatomiques, qui nous ont longtemps valu les quolibets du monde entier et qui retrouvent aujourd’hui toute leur pertinence. Mais d’abord, afin de mieux situer le débat, une clarification: il existe deux types d’abris, les abris publics de grandes dimensions et gérés par la protection civile, et les abris privés comptant de 3 à 100 places, situés dans les sous-sols de bâtiments privés.
Plus de places que d’habitants
Selon les données fournies par l’Office fédéral de la protection civile, la Suisse dispose au total de pas moins de 370’000 abris dont 9000 publics, le tout pour environ 9,3 millions de places protégées, soit largement de quoi garantir à chaque habitant une place en cas de catastrophe ou de conflit majeur.  Seulement voilà: au-delà des statistiques au niveau national, la réalité est bien différente d’un canton à l’autre, et même d’une commune à l’autre.
La commune de Lausanne compte ainsi actuellement au total sept abris publics offrant 7400 places et 1620 abris privés totalisant plus de 110’000 places protégées. Des chiffres qui, rapportés à la population, objectivent selon les données fournies par la Municipalité, un déficit de 40’887 places, mais qu’il faut nuancer. «Un nouveau modèle de comptabilisation cantonal, en vigueur depuis janvier 2025, prend uniquement en compte les places ayant fait l’objet d’un contrôle récent et dont les défauts ont été corrigés. De plus, les abris dans des entreprises, EMS et hôpitaux ne sont plus intégrés aux statistiques cantonales, bien qu’ils restent opérationnels, offrant 12’987 places supplémentaires dans le district de Lausanne», explique Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la sécurité qui ajoute: «la Confédération adopte désormais une approche territoriale, définissant des «zones d’appréciation» basées sur la densité de population et l’accessibilité des abris. Selon cette méthodologie, le taux de couverture atteint 81% sur la commune de Lausanne et 104% sur l’intégralité de notre district, niveau auquel l’Organisation régionale de protection civile est responsable». 
Augmenter le nombre de places 
Une nuance rassurante, mais qui n’empêche pas la Municipalité d’œuvrer à augmenter le nombre de places disponibles. Opérationnel depuis le mois de novembre dernier, l’abri public de protection civile sous le Tribunal cantonal est ainsi venu ajouter plus de 600 places supplémentaires. 
Et ce n’est pas fini: «La Municipalité veille à l’application des règles légales et saisit les opportunités, comme l’illustre la construction sous le Tribunal cantonal. En tant que propriétaire foncier, la Ville montre également l’exemple. Ainsi, dans le cadre du projet «Métamorphose», 2530 places protégées ont été réalisées dans le quartier des Plaines-du-Loup, ajoute Pierre-Antoine Hildbrand. Et dans le cadre de la révision du plan de stationnement des effectifs de milice de la protection civile, il est également prévu de réaffecter plus de 833 places en abris publics».

Les abris sont soigneusement contrôlés

Selon la loi, les quelque 27’000 ouvrages de protection antiatomique que compte le Canton de Vaud (dont 25'000 sont des abris privés obligatoires destinés à la population) doivent faire l’objet d’un contrôle au maximum tous les dix ans, chaque propriétaire, qu’il s’agisse d’une collectivité ou d’un particulier, étant responsable de l’entretien de son abri. À Lausanne, c’est le service de la Sécurité et de l’économie qui s’assure que les contrôles sont réalisés et conformes. C’est ensuite aux propriétaires que revient la tâche de corriger, dans un délai maximal d’une année, les éventuels défauts détectés. En outre, en cas de conflit armé, les propriétaires sont également tenus de rendre opérationnelles leurs places protégées dans un délai de cinq jours. 

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