Parce qu’il cherchait à provoquer une authenticité à l’écran, le réalisateur Bernardo Bertolucci va convaincre Marlon Brando de violer la jeune comédienne Maria Schneider durant le tournage du «Dernier Tango à Paris», sorti en 1972. La scène de viol est crue, ce qu’on voit dans le film est bel et bien réel, et pourtant il ne sera jamais condamné, pas plus que l’acteur. La réalisatrice Jessica Palud rend un hommage vibrant à cette figure importante du cinéma français, qui, bien avant MeToo, a tenté de dénoncer les abus des hommes sur les plateaux de tournage.
Objet de désir pour les uns, être scandaleux pour les autres, la carrière et la vie de Maria Schneider seront détruites par ce viol, devant lequel personne n’a réagi durant le tournage. Le film ausculte le poison lent de l’agression sexuelle qui va la ronger de l’intérieur et bouleverser sa vie entière. La violence de la scène et de ses conséquences la rendra accro à la drogue, elle fera plusieurs tentatives de suicide, plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, et n’aura jamais la grande carrière qu’elle aurait sans doute méritée. Pourtant, Maria Schneider ne cessera jamais de se battre. Il ressort de ce film, au-delà du scandale, une lumière poignante, celle de cette actrice magnifique, disparue en 2011 à l’âge de 58 ans.
