Quand Lausanne forme les futurs leaders du spatial

Rédigé par
Kristell Moullec
Lausanne

ESPACE • L’EPFL favorise l’innovation sur son campus et en fait la preuve avec la Rocket Team, une association aux projets ambitieux. Depuis 2016, un groupe d’étudiants fabrique des fusées de A à Z et les fait décoller à plusieurs kilomètres du sol. Et ils ont un objectif bien précis en tête: atteindre l’espace. 

«Nous avons créé un lien solide entre éducation, recherche et industrie qui va propulser les leaders de l’exploration spatiale de demain», déclare avec enthousiasme Emmanuelle David, directrice exécutive du Centre Spatial de l’EPFL et coordinatrice actuelle de la Rocket Team. Portés par une pédagogie innovante qui mise sur l’apprentissage par l’expérience, les étudiants développent des fusées à la pointe de la technologie. Sous la supervision académique et l’appui de conseillers en recherche, les prototypes spatiaux sont même construits selon les standards de l’industrie spatiale.
Quand la théorie prend véritablement son envol
Qu’ils soient en bachelor ou en master, les ingénieurs spatiaux en herbe mettent directement en pratique leurs connaissances et vont même au-delà de ce qui est vu en classe. Markus Jäger, professeur en propulsion spatiale à l’EPFL et ingénieur chez Airbus, raconte: «Je parle souvent de la Rocket Team à mes collègues. Ces étudiants sont une vraie source d’inspiration, car ils investissent des heures de travail bénévole dans leur passion commune pour l’espace.» L’équipe compte aujourd’hui 200 membres, issus de neuf sections de l’EPFL et de 21 nationalités. Tous bénéficient d’une expérience de terrain unique, un complément idéal au cursus universitaire choisi.
Un tremplin pour la carrière
Les membres de la Rocket Team affinent leurs compétences à chaque lancement, tout comme leur capacité à gérer des projets complexes en équipe. Lucas Pallez, ancien directeur technique, se considère chanceux d’avoir participé à l’aventure: «Il y a eu des hauts et des bas, mais on a appris à chaque fois de nos erreurs. C’est une expérience mémorable que je souhaite au plus grand nombre.» Aujourd’hui, Antoine Truchot, directeur technique actuel de la Rocket Team, coordonne le passage de flambeau à chaque nouvelle génération d’étudiants, sur le plan technique comme humain. Le savoir-faire transmis est un atout majeur pour leur avenir professionnel, qu’ils se dirigent, une fois leur diplôme en poche, vers le secteur de l’industrie spatiale ou non.
L’une des initiatives les plus marquantes de l’association est la Space Race. Lancée en 2021, le projet accueille chaque année une centaine d’étudiants de première année. Par groupes de dix, ils s’attaquent dès le mois de septembre à la modélisation 3D et aux simulations de vol. Au second semestre, ils passent à la fabrication d’un prototype: une fusée d’environ 1,5 mètre capable d’atteindre 400 mètres d’altitude. 
En route vers les étoiles
Avec des équipes réduites et un encadrement optimisé, l’édition 2025 promet déjà d’aller plus loin que la précédente, marquée par le lancement réussi de neuf fusées. «Nous sommes les premiers en Suisse à réussir le décollage d’une fusée à propulsion bi-liquide», confie Jérémie Huser, président de l’association. Déjà vainqueurs de la European Rocketry Challenge (EuRoC) en 2021, une compétition européenne, la Rocket Team est plus motivée que jamais. 
Avec le soutien de 37 sponsors, ils planchent depuis deux ans sur Firehorn 9, la première fusée suisse universitaire équipée d’un moteur cryogénique. Rayane Maalouf, la vice-présidente ajoute: «Son vol est programmé pour octobre 2025 et devrait atteindre une altitude de 9 km.» Les étudiants ne comptent pas s’arrêter là, puisqu’ils souhaitent, l’année suivante, propulser un engin à 30 km. Mais l’ambition ultime est pour la fin de la décennie, avec un objectif fixé à 100 km de hauteur: l’espace. S’ils y arrivent, ce serait du jamais vu dans le milieu étudiant jusqu’à présent. 

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