Mendicité: «Lausanne 
fait plus que sa part»

Rédigé par
Fabio Bonavita
Lausanne

PRÉCARITÉ • En dépit de  l’entrée en vigueur de la nouvelle loi cantonale, de nombreux habitants estiment que la mendicité reste très visible au centre-ville de Lausanne. Le municipal en charge de la sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand, défend la position de la Ville et révèle, pour la première fois, les chiffres des dénonciations dressées depuis le 1er juillet dernier.

Lausanne Cités: Malgré la nouvelle loi, la mendicité reste très visible à Lausanne, pourquoi?
Pierre-Antoine Hildbrand: Il s’agit d’un vrai sujet de préoccupations, au quotidien, pour les Lausannois, pour les commerces, pour les touristes. Nous travaillons, avec mes équipes, pour y faire face, en respectant le cadre légal, qui n’est pas lausannois. Il faut le rappeler, la loi est vaudoise et elle n’a pas rétabli une interdiction générale de la mendicité: elle vise uniquement ses formes intrusives ou agressives, ainsi que la mendicité dans une série de lieux (transports publics et arrêts, marchés, terrasses, entrées de magasins, distributeurs, écoles, établissements médicaux, etc.).

Comment réagissent les commerçants?
Ce sont précisément les commerçants qui, depuis des années, nous alertent sur des sollicitations répétées ou insistantes à l’entrée de leurs magasins ou sur les terrasses. C’est pour répondre à ces préoccupations justifiées que je me suis engagé auprès du Grand Conseil pour durcir la loi cantonale. Sans surprise, les zones commerçantes sont celles qui regroupent le plus grand nombre de dénonciations et d’infractions. 

Et les habitants?
Les Lausannois nous disent deux choses à la fois. D’un côté, une lassitude réelle face aux sollicitations répétées des  mêmes personnes. De l’autre, beaucoup insistent aussi sur la nécessité de garder une dimension humaine face à la pauvreté et de ne pas se limiter au registre répressif. Mon dicastère essaie précisément de tenir cet équilibre.

Quel est le bilan des interventions depuis le 1er juillet?
La police a déjà averti 140 personnes. Parmi celles-ci, 42 personnes ont, par leur comportement, dû être ensuite dénoncées à la préfecture. C’est elle qui décidera du montant des amendes.

Que dit la loi?
Le cadre légal est le suivant: pour la mendicité intrusive, agressive, déloyale ou trompeuse, l’amende va de 50 à 100 francs; pour la mendicité dans les lieux interdits, il y a d’abord un avertissement et, en cas de persistance, une amende de 50 francs; pour la mendicité en compagnie de mineurs, l’amende se situe entre 100 et 500 francs; voire le double en cas de récidive, enfin pour  l’exploitation de la mendicité d’autrui, les amendes peuvent aller de 1000 à 10’000 francs, voire le double en cas de récidive.

Avez-vous noté des changements dans les comportements des mendiants?
L’interdiction de la mendicité est mieux respectée et plus facilement applicable lorsque des zones sont clairement définies, comme les marchés ou les terrasses. Cela montre que nous obtenons des résultats et qu’il faut continuer.

La mendicité de l’hypercentre lausannois s’est-elle déplacée vers d’autres quartiers ou même des villes voisines?
Non, et je veux le dire aussi très clairement: Lausanne fait plus que sa part et n’a pas vocation à accueillir sur son territoire l’ensemble de ces problèmes, au détriment de sa population. 

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