MUSIQUE • Âgé de 14 ans, originaire d’Orny non loin de la Sarraz, ce jeune violoncelliste est en passe de décrocher à la fois sa maturité et un bachelor en musique. Portrait d’un surdoué hors norme qui commence à aligner les distinctions internationales.
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. A à peine 14 ans, le jeune Lyam Chenaux est à deux années de décrocher sa maturité dans une école privée à Lausanne et, en même temps, excusez du peu, un bachelor à la Haute Ecole de Musique de Genève-Neuchâtel.
Son instrument de prédilection? Le violoncelle auquel il s’adonne avec une assiduité de bénédictin (2 à 6 heures de pratique quotidienne) et qui lui vaut désormais un début de notoriété internationale, lui qui est lauréat de dizaines de concours internationaux et de prix spéciaux. Pour ce jeune prodige, qui vise aussi un jour un diplôme en sciences politiques, tout a commencé à l’âge de cinq ans lorsqu’après avoir testé plusieurs instruments, il jette son dévolu sur le violoncelle, un véritable choix de passion. «J’ai toujours baigné dans la musique, ma grand-mère était pianiste, à la maison on écoutait énormément de musique et j’ai eu très tôt envie de passer de l’autre côté et d’en jouer moi aussi. Le violoncelle s’est imposé naturellement».
Soutien
Pas question pour sa famille de remettre en question un tel choix, fut-il au prix de nombreux sacrifices: «En tant que parents nous avons voulu faire découvrir des univers différents à nos enfants, raconte sa maman, par ailleurs infirmière sage-femme. Aussi quand il a évoqué le violoncelle, on a tout de suite dit: pourquoi pas?» Pour la famille, commence très tôt un long travail de soutien, d’autant que Lyam a une sœur, tout autant douée, mais sur le plan sportif. Aussitôt, toute une logistique se met en place afin de permettre à cet enfant particulier de progresser dans son apprentissage. Très rapidement, le choix d’une école privée s’impose, seule option pour une scolarité compatible avec l’apprentissage intensif du violoncelle, au prix d’un imposant sacrifice financier, l’un des deux salaires parentaux y étant entièrement consacré.
A l’époque il s’agissait surtout de permettre à Lyam de suivre ses rêves, sans pour autant se projeter dans l’avenir et tirer des plans sur la comète, en phosphorant sur une carrière internationale. «Ce n’est que très récemment, que j’ai pris conscience que Lyam avait vraiment quelque chose de hors-norme, plus exactement lorsque son enseignant actuel m’a lancé: «vous ne vous rendez pas compte du talent de votre fils», raconte sa maman. C’est là que nous avons compris qu’il pouvait être bon au plus haut niveau et qu’il fallait vraiment faire quelque chose pour que sa passion devienne plus qu’un simple loisir».
De belles rencontres
Commence alors, on est en plein covid, une longue séquence d’envoi de vidéos et de dossiers afin que le jeune garçon puisse participer à des concours. Un véritable travail à temps plein par des parents souvent débordés, mais soucieux d’accompagner au mieux leur enfant. Problème: dans une Suisse où les vocations artistiques sont toujours un peu suspectes, il faut se débrouiller seul, forcer des portes qui demeurent souvent fermées. «Parfois nous sommes fatigués de chercher des solutions en Suisse car il y a vraiment peu de soutien chez nous, admet sa maman. Heureusement, nous avons la chance d’avoir rencontré des personnes fabuleuses, sans lesquelles Lyam n’aurait jamais pu commencer à percer».
Quant à Lyam, il maintient le cap avec la détermination de ceux qui ont le feu sacré. Celui qui entend consacrer son mémoire de maturité au… rapport secret de Khrouchtchev pendant la déstalinisation, continue à s’exercer au quotidien avec assiduité et tracer son chemin en visant les étoiles, espérant un jour intégrer un grand orchestre prestigieux. «Je suis conscient d’être différent admet-il le regard soudain très sérieux. Mais j’ai de la chance que mes parents me prennent comme je suis et me vouent un soutien sans faille.»