RUISSEAU • Le Flon est un quartier commercial et de loisirs bien connu situé au centre de Lausanne. Mais savez-vous qu’il tire son nom du ruisseau qui coule en son ventre – flumen en latin – qui signifie tout simplement «cours d’eau»?
Le Flon prend sa source dans les bois du Jorat et se jette dans le lac à Vidy, traversant la ville de part en part. Ou plutôt, il se jetait. Recueillant à la fois les eaux de pluie et les eaux usées, la station d’épuration de Vidy débordait à chaque orage. Pour remédier à cela, on a détourné le cours du Flon dans celui de la Vuachère par un tunnel sous la Sallaz en 1994.
A ciel ouvert
Jusqu’au tiers du XIXe siècle, le ruisseau traversait la ville à ciel ouvert, alimentant moulins, fabriques et ateliers. Depuis, il se dérobe aux regards: il a d’abord été voûté au centre de la ville, puis son vallon a été comblé en amont et en aval. A la Sallaz, un chemin descend derrière l’usine d’incinération Tridel, où la vallée a conservé son aspect naturel et ne manque pas de charme.
Nul n’était plus inspiré que le poète Jean-Jacques Porchat décrivant, en 1822, les falaises de molasse: «A l’envi dans les airs les deux rives s’élancent /Et leur double rempart à ce vallon obscur/Des cieux, en s’écartant, laisse entrevoir l’azur»; et le ruisseau avec ses cascades: «Que l’onde est pure et belle!/Une poussière humide entretient la verdure/Et le ruisseau, qui tombe, étale en murmurant/Autour de cet asile, un rideau transparent. »
Escapade à faire
Les envolées romantiques du poète ne sont peut-être pas dues au hasard. Dans un commentaire, Porchat trouve aux cascades du Flon des qualités bien vaudoises: «L’abord de la cascade de Sauvabelin n’est pas très commode, et n’est pas connu de tous les Lausannois. On néglige de la visiter. Cependant, elle mérite qu’on en prenne la peine. Il est des cascades plus belles; il en est peu d’aussi jolies.» Il ne reste plus qu’à suivre son conseil.
Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer», de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.
