C'est quoi, un tube suisse qui cartonne à l'international?

Rédigé par
Thomas Lécuyer
Culture & Loisirs

NOSTALGIE - Entre folklore métal, eurodance survitaminée et reprises hasardeuses, la Suisse a aussi sa part de tubes de l’été. Mais qu’est-ce qu’un vrai hit helvétique? Spoiler: il est suisse-allemand, festif, et probablement dansé dans un mariage.

En matière de tubes de l’été, la Suisse n’est pas en reste. Mais avant d’aller plus loin, posons-nous cette question essentielle: un tube suisse, qu’est-ce que c’est? Je veux dire, un vrai gros tube suisse à l’international? 
On a bien Stephan Eicher, dont le fameux «Déjeuner en Paix» a envahi les ondes de la Francophonie, on a bien le groupe de rock industriel The Young Gods, pionniers du sampling, qui a inspiré des artistes comme Nine Inch Nails et Marilyn Manson. 
On a les monumentaux Eluveitie, hérauts du pagan metal, un sous-genre de heavy metal mêlant folklore et inspirations médiévales. On a la magicienne Sophie Hunger (bon, qui est surtout connue en France pour sa reprise du groupe Noir Désir, du coup, ça passe ou c’est cancel culture?). 
D’abord pour une pub...
Mais quand on veut parler de vrai tube suisse international et colossal, il y a deux patrons, et ils sont suisse-allemands: DJ Bobo et Werner Thomas, tous deux heureux détenteurs de tubes aussi planétaires qu’animaliers. 
Car tandis que le Thurgovien Werner Thomas peut se targuer d’avoir écrit la version originale de «La Danse des Canards» en 1957 («Der Vogeltanz», littéralement «La danse des oiseaux»), sortie pour la première fois sur disque en 1973, vendue à plus de 50 millions d’exemplaires dans 44 pays et dans 390 versions différentes, l’Argovien Peter René Baumann, alias DJ Bobo, frappe lui aussi fort avec son «Chihuahua» en 2003. Reprise modernisée d’un titre des années 50 interprété par Louis Oliveira and His Bandodalua Boys, DJ Bobo transforme ce morceau léger en un hymne de fête eurodance. À l’origine conçue pour une campagne publicitaire Coca-Cola au Mexique, la chanson est rapidement lancée comme single. Résultat: elle atteint le sommet des charts dans plusieurs pays européens, notamment en France où elle devient le tube de l’été 2003. Plus de 1,5 million d’exemplaires sont vendus en France, un record.  Et en effet, qui n’a jamais dansé sur le célèbre tube qui a remis Bobo sur les rails? Dans les années 90, l’artiste suisse s’était imposé comme une figure incontournable de l’eurodance grâce à des hits comme «Somebody Dance With Me», «Everybody», ou «Love Is All Around». 
En 1996, il avait même eu l’honneur de participer à la tournée de Michael Jackson, se produisant lors de quatre concerts à Prague, Budapest, Moscou et Varsovie. 
Parallèlement, il lançait sa propre tournée européenne, baptisée «World In Motion», où il invitait une belle brochette de stars prestigieuses, parmi lesquelles le groupe NSYNC avec l’incontournable Justin Timberlake.
Retour triomphal
Comme beaucoup d’icônes de l’eurodance, DJ Bobo avait cependant connu un net déclin de popularité à la fin des années 1990, avant de faire un retour triomphal en 2003 grâce à «Chihuahua». 
Il faut dire que niveau efficacité, le tube est quasiment un sans-faute, à part peut-être au niveau du nom d’artiste, quand on sait que le morceau a d’abord été lancé au Mexique, puis en Amérique latine, et que «bobo» veut dire «idiot» en espagnol. Caramba! 

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