La Serpentine, ou les vestiges d’un moyen de transport futuriste

Rédigé par
Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali
Lausanne

TRANSPORTS - Bernard Saugy a développé l’idée d’un véhicule autonome électrique appelé «Serpentine», alimenté sans contact par un maillage de bobines cachées dans le sol. L’Office fédéral des transports signa son arrêt de mort.

Lausanne a produit des projets de transports futuristes en nombre. L’ingénieur Rodolphe Nieth, qui trouvait les trains suisses «chers et pas assez rationnels», a imaginé le Swissmetro, un train à suspension magnétique, dans le vide d’air, se déplaçant à 500 kilomètres par heure, les politiciens ont tendance à voir, et sans doute à tort, la solution dans la vitesse. Après 11 millions de francs d’études, la société Swissmetro a été dissoute en 2009. L’idée est toutefois toujours d’actualité à l’École polytechnique («EPFLoop»), mais aussi dans des cerveaux fantasques et non dénués de moyens, comme celui d’Elon Musk («Hyperloop»).
Capsules
Une autre idée a été développée par Bernard Saugy, celle d’un véhicule autonome électrique appelé «Serpentine», alimenté sans contact par un maillage de bobines cachées dans le sol. Les capsules consommeraient 30 fois moins qu’une voiture et possèderaient, selon leurs promoteurs, les «avantages combinés de la voiture individuelle et des transports publics en commun». 
L’heure de gloire de la Serpentine arriva en 2001, avec une installation de démonstration sur le quai d’Ouchy. En 2004, cependant, l’Office fédéral des transports, dans une interprétation très bureaucratique de la convention de Vienne du 8 novembre 1968 sur la circulation routière, siffla la fin de la partie. Il conclut qu’il s’agissait d’un trolleybus – ce n’est pas tout à fait vrai: la Serpentine va librement de borne en borne –, et que, de ce fait, on ne pouvait l’autoriser à circuler sur le domaine public sans conducteur. 
Mais la « mobilité intelligente » est à la mode. Depuis 2014, la convention de Vienne admet l’absence de conducteur si le système peut être désactivé au besoin et, depuis 2020, la voiture autonome a fait son entrée formelle dans la loi fédérale sur la circulation routière. Trop tard? Peut-être pas. Au-delà des quelques plaques en fonte, tristes vestiges qui témoignent de l’expérience de 2001-2004, la Serpentine attend toujours d’être réanimée. 

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie. 

 

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