La police lausannoise va réorganiser l’accueil du public

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Lausanne

PLAINTES • En 2024, la police lausannoise a enregistré près de 4000 plaintes, avec une augmentation d’environ 10% par an depuis 2022. Un projet pilote lancé l’année dernière et l’engagement de civils devraient améliorer la situation. 

C’est une mésaventure que Sébastien* n’est pas près d’oublier. Au début du mois dernier, il reçoit sur sa boîte mail un courriel confirmant une commande qu’il n’a jamais effectuée. Aussitôt connecté sur le compte de sa plateforme marchande, il se rend compte que cette commande a été passée à son propre nom, via la carte de crédit d’un tiers inconnu – il n’a jamais enregistré la moindre information bancaire sur son compte – avec livraison quelque part dans le nord de la France, et de surcroît à un autre tiers inconnu. Alarmé, il annule immédiatement la commande, modifie son mot de passe et tente de contacter le service client de la plateforme, à laquelle il envoie finalement un mail d’alerte pour signaler l’arnaque. 
Surcharge…
Trois jours après, malgré les mesures prises, rebelote. Nouvelle commande frauduleuse. Cette fois, le service client lui répond et bloque son compte, à charge ensuite pour lui de déposer une plainte. Et c’est là qu’un deuxième chemin de croix commence. Au poste de police du Flon, c’est tout un petit groupe qui attend déjà à l’extérieur sous la canicule, et qui finit par s’entendre dire: «Nous sommes en train d’interroger quelqu’un, nous ne pouvons pas vous recevoir… Allez ailleurs!»
Qu’à cela ne tienne, il se présente à la Sallaz, 20 minutes avant la fermeture du poste, et là encore, il est éconduit… Sur place, d’autres citoyens lui racontent rencontrer des difficultés similaires pour faire enregistrer leurs plaintes.
«Vu ces témoignages, je dois constater certaines surcharges momentanées et je regrette les inconvénients que cela a pu provoquer pour les personnes concernées, déplore Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la police, qui énumère les nombreuses mesures actuellement en cours pour améliorer l’accueil du public: «D’une manière générale des synergies avec le personnel d’accueil et les policières et policiers chargés de la prise de plaintes dans les postes, en particulier des victimes de violence, seront renforcées. En outre, depuis le 1er septembre 2024, un projet pilote a été lancé visant au remplacement progressif du personnel policier affecté à l’accueil des usagères et usagers, tant dans les réceptions des postes qu’à la réception téléphonique, par du personnel civil. Enfin, une solution de gestion des flux, inspirée de celle mise en place à La Poste ou dans d’autres services de l’administration, sera déployée dans les postes de police. Elle permettra d’organiser plus efficacement les renforts en cas de forte affluence et d’adapter la mise à disposition des ressources en fonction des pics d’attente».
Sur rendez-vous
Pour rappel, actuellement à Lausanne, dans les situations d’urgence, notamment lorsqu’il s’agit d’atteintes à l’intégrité physique, de violences domestiques ou de cas similaires, les plaintes sont systématiquement prises en charge sans délai, avec le concours, si nécessaire, de renforts. Dans les situations de moindre gravité où l’attente prévisible dépasse une heure, en revanche, il est proposé aux personnes concernées de convenir d’un rendez-vous, le délai légal pour le dépôt d’une plainte pénale étant de trois mois à compter du moment où l’auteur présumé des faits est identifié. 
C’est d’ailleurs l’option à laquelle s’est résolu Sébastien, obtenant un rendez-vous une semaine plus tard pour déposer une plainte qui ne sera finalement pas enregistrée, faute d’avoir «subi un préjudice financier». n

*Identité connue de la rédaction 

 

La plainte en ligne, une option limitée

À l’entrée des postes de police, les citoyens sont informés de la possibilité de porter plainte contre inconnu en ligne, via un formulaire E-plainte. Intéressante pour délester les postes de police, cette possibilité est très restreinte, car ouverte à des cas limités comme les vols simples, les vols de cycles non immatriculés, et les dommages à la propriété (sur un objet ou un véhicule non commis par un autre véhicule et qui ne font pas suite à une tentative ou à un vol par effraction). 
Dans l’immense majorité des autres cas (vols de véhicules immatriculés, délits de cybercriminalité, menaces et injures, vols de pièces d’identités, événements où des images ont été récoltées, dommages à la propriété etc., la démarche de plainte en ligne est impossible. 

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