La Ferme des Tilleuls, une rescapée

Rédigé par
Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali
Lausanne

CULTURE • Au nord des voies de la vaste gare de triage de Renens, entre les ateliers des CFF, un terrain de boules, un dépôt du chantier du tram, la Ferme des Tilleuls, construite en 1780 sur les plans de Gabriel Delagrange, a tout de la rescapée.

Sous un même toit rénové, des salles d’exposition, une ancienne grange, un restaurant qui emploie du personnel en réinsertion, une jolie terrasse en gravier et un jardin. L’endroit cultive manifestement la différence, et l’association qui l’anime organise des débats qui flirtent avec la contre-culture. Le mercredi après-midi, on projette un film de l’association Plans-Fixes, portrait face caméra de personnalités suisses, souvent lausannoises.
Oeuvre monumentale
Devant la ferme réhabilitée, une œuvre monumentale est, elle aussi, le résultat d’un sauvetage… Vivant depuis 40 ans à Roquevaire, dans le sud de la France, dans une maison qu’elle a peinte dans ses moindres recoins, la pionnière de «l’art singulier», Danielle Jacqui, née en 1934, avait l’intention de placer cette sculpture, appelée Colossal d’art brut ORGANuGAMME, à la gare d’Aubagne, en Provence. 
Mais en 2014, la ville d’Aubagne n’en voulut plus; celle de Renens prit le relais. Un container a acheminé les 4000 pièces de poterie peintes. Commencée par l’artiste quand elle avait 72 ans, l’œuvre a été installée pièce par pièce sur une structure métallique de l’architecte Jean-Gilles Décosterd, culminant à 13 mètres, sur un chantier achevé en automne 2022. Elle pourrait valoir à Renens la même renommée que le fameux Palais idéal du facteur Cheval (1836-1924), situé à Hauterives, entre Grenoble et Valence.
A Lausanne, la Collection de l’Art brut que l’on peut admirer au château de Beaulieu  accueille dans ses jardins deux totems de la même artiste. Avec des collections à la limite des objets utilitaires détournés et de l’art reconnu, les deux lieux sont en parfaite correspondance.  
Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie. 

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