
VISITE - Avant de retourner à Salzbourg, Leopold Mozart décida de passer par Genève. Il continua à Lausanne.
Pas facile de gagner sa vie comme musicien au XVIIIe siècle: concerts par souscription, leçons de piano et vente de partitions à des éditeurs, à la condition d’être connu, et surtout de disposer du soutien d’un mécène, ou mieux, d’une cour. Fier du talent musical de ses enfants Nannerl et Wolferl, et ne lésinant pas sur les moyens de le développer, Leopold Mozart entreprit avec eux un long voyage entre 1763 et 1766 pour les présenter à l’aristocratie et aux cours européennes.
Avant de retourner à Salzbourg, Leopold décida de passer par Genève pour rendre visite au grand Voltaire. La rencontre n’eut pas lieu, Voltaire n’aimait-il pas la musique? Il fait dire à un personnage de Candide que «ce bruit peut amuser une demi-heure, mais s’il dure plus longtemps, il fatigue tout le monde» – et la famille Mozart continua par Lausanne.
Logis du prince
Alors que leur calèche ne devait s’y arrêter que pour midi, et à cause des assauts empressés de quelques bourgeois, surtout ceux des domestiques du prince Louis de Wurtemberg, Leopold ne put refuser l’invitation de rester cinq jours au logis du prince, au Grand Montriond. Wolfgang Amadeus Mozart se produisit devant la bonne société de la ville, dans la plus grande salle publique qu’était alors la salle du Conseil des Deux-Cents, à l’hôtel de ville, devenue en 1820 la salle du Conseil communal.
La salle elle-même, quoique passablement refaite, possède encore certains éléments présents lors du passage de Mozart, tels le poêle et la poutraison. La qualité de la composition architecturale de ce bâtiment fait dire à l’historien Marcel Grandjean que «fort admiré à l’époque, il est vraiment la réalisation la plus intéressante de l’architecture lausannoise du XVII e siècle».
Le jeune Mozart donna deux concerts, le 15 et le 18 septembre 1766. Véritable prodige, il fit forte impression. Le célèbre Dr Tissot, l’un des auditeurs, nota: «Vous aurez vu avec autant de surprise que de plaisir un enfant de neuf ans toucher du clavecin comme les grands maîtres.»
Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer», de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.