«La bibliothèque de la Riponne s’est transformée en forteresse!»

Rédigé par
Fabio Bonavita
Lausanne

SÉCURITÉ • Entre lecteurs fidèles et incivilités en hausse, la BCUL se retrouve à gérer des problèmes de sécurité inhabituels pour une bibliothèque. Certains usagers considèrent que l’ambiance du lieu s’est déjà dégradée. Reportage.

C’est une fidèle utilisatrice de la bibliothèque cantonale et universitaire de la Riponne (BCUL) qui nous a mis la puce à l’oreille. Dans un courrier électronique, Adeline* ne mâche pas ses mots:«L’ambiance à la BCUL se dégrade.  Il y a toujours plus de SDF qui zonent et parfois dorment la journée entière sur les banquettes à l’entrée. Les vols des journaux et magazines en libre accès augmentent, si bien que le présentoir à journaux  n’est plus dans le premier hall mais en face des guichets, sous l’œil des collaborateurs.» 
Selon la Lausannoise,  des vigiles seraient présents en permanence et en nombre. «Un soir, deux agents de sécurité se sont promenés dans la salle de lecture, avec un chien policier. Un employé qui assure la permanence au guichet le soir, m’a dit qu’une de ses collègues avait pris un coup de poing dans le ventre et que des gens avaient même uriné dans la salle.» 
Esclandres à répétition
Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus en journée à la bibliothèque de la Riponne. L’objectif: constater la présence des agents de sécurité, mais surtout ressentir l’atmosphère dans les salles de lecture. À notre arrivée, un agent était posté à l’entrée. Par souci de confidentialité, il n’a pas souhaité répondre à nos questions. Un habitué des lieux nous a cependant livré son témoignage. 
André, 71 ans, fréquentant la BCUL depuis plus de quinze ans, raconte:«Avant, il y avait déjà quelques incidents isolés, mais la situation s’est très nettemment dégradée depuis l’ouverture du second local d’injection et surtout depuis que les marginaux de la Riponne n’ont plus leur espace attitré sous la toile de la place.» Selon lui, ces personnes errent désormais dans la bibliothèque et multiplient les esclandres: «Cela devient très difficile de se concentrer et de lire dans un lieu devenu une forteresse.Je songe même à changer de bibliothèque pour avoir la paix.»
La direction s’explique
Du côté de la direction, on confirme que le dispositif sécuritaire a été renforcé depuis la fin de la pause estivale, tout en écartant ses effets négatifs sur les usagers: «Cette présence préventive et dissuasive améliore le sentiment de sécurité sans péjorer l’accès aux services de la BCUL, précise Jeannette Frey, directrice de la BCULausanne. Elle est donc bien perçue tant de la part des usagères et usagers que du personnel.» 
Les agents sont désormais présents tous les jours, de 8h à 22h en semaine et de 8h à 17h le samedi. Selon la directrice, cette décision répond d’abord à une augmentation récente des incivilités dans l’enceinte de la bibliothèque. Coût de cette opération? Entre 14’000 et 15’000 francs par mois. 
Reste à savoir si ce renforcement sécuritaire suffira à ramener calme et sérénité entre les rayonnages. Car au-delà des chiffres et des vigiles, c’est bien l’esprit des lieux qui est en jeu, entre respect du public, mission culturelle et nécessité de protéger les usagers et le personnel... 

*prénom fictif

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