
ÉLECTIONS 2026 • Syndicaliste, enseignant, politicien… Par 75 voix contre 39 à Sarah Neumann, les militants socialistes ont désigné Julien Eggenberger comme colistier d’Emilie Moeschler et Grégoire Junod pour les élections municipales de l’année prochaine. Rencontre avec un candidat aguerri qui de longue date, trace patiemment son chemin…
Lausanne Cités: Depuis combien de temps visez-vous un siège à la Municipalité?
Julien Eggenberger: Je fais de la politique depuis plus de 20 ans. Alors, au fur et à mesure de mon parcours, se pose tôt ou tard la question de se mettre à disposition de la population en proposant sa candidature pour l’exécutif. Quand on est élu dans un législatif, on agit sur la vie des gens, mais dans une Municipalité, on est dans le vif du sujet, dans le concret. Et notre rôle est de montrer que nous sommes capables de mettre en place des solutions efficaces. C’est donc l’envie d’agir qui m’a poussé, et l’opportunité s’est offerte quand Florence Germond, avec un très bon bilan d’ailleurs, a annoncé son départ…
Un ticket avec deux hommes et une femme. Le PS est-il désormais fâché avec la parité?
C'est une question légitime, mais je rappelle qu’en désignant trois candidatures, cela laissait deux combinaisons: deux hommes et une femme ou le contraire.
Vous étiez vu plus comme un outsider que comme un favori. Comment expliquez-vous votre excellent résultat?
C’est d’abord aux membres du parti d’expliquer leur choix. Manifestement, mon profil et mon parcours leur ont semblé un complément utile à celui des municipaux sortants. J’ai essayé de présenter des réponses aux questions du moment: en premier, la question de la fin du mois qui se pose pour un grand nombre de Lausannois, la question des quartiers, dont certains peuvent parfois se sentir délaissés, et enfin celle de l’égalité et des luttes contre les discriminations, qu’il s’agisse des femmes, des hommes, des LGBTIQ+, des personnes racisées ou en situation de handicap, etc.
Sarah Neumann n’était donc pas une bonne candidate?
Au contraire, sa candidature était excellente et engagée.
Ce n’est donc pas la victoire du syndicaliste sur la woke comme on a pu le dire?
Certainement pas. Déjà parce que notre programme est défini par les membres et non pas les candidats. Je rappelle que je me suis engagé sur de nombreux dossiers au-delà des questions syndicales, comme l’interdiction des thérapies de conversion.
Selon vous, quelle a été la principale réussite de la municipalité sortante?
Très clairement: l’espace public. La majorité de gauche a rendu la ville aux habitantes et habitants, aux cyclistes, aux piétons, aux marchés, même si nous sommes encore dans une phase difficile avec beaucoup de chantiers. La ville a été métamorphosée avec une meilleure qualité de vie. L’autre grande réussite, ce sont les nouveaux quartiers qui valorisent la mixité en mélangeant les catégories de logements.
Et ses échecs?
Sans que la ville en soit responsable, on doit constater beaucoup de retards dans les infrastructures, retards qui sont souvent imputables à des procédures et des recours ou à d’autres acteurs, comme les CFF pour la gare.
Quelles sont les principales qualités de vos deux colistiers?
Avec la cohésion sociale, Emilie Moeschler a un dicastère difficile et elle a eu le courage d’y aller en apportant des solutions concrètes et efficaces aux difficultés rencontrées par une partie de la population, loin des slogans faciles. Quant au syndic, Grégoire Junod, il a su porter une vision convaincante du développement de la ville qui fait que les Lausannois savent où ils vont.
Et quels seraient leurs principaux défauts?
Je ne vois pas. Et si nous avons tous nos petits travers, ils resteront dans les secrets de la liste (rires). Je suis convaincu que nos différentes personnalités sauront se compléter.
Si vous êtes élu l’an prochain, le dicastère des finances, celui que laisse votre collègue de parti, la municipale Florence Germond, vous semble a priori promis…
Je suis membre de la Commission des finances au Grand Conseil. Ce qui donne quelques outils pour la gestion des finances publiques… Mais je sais que si ce dicastère m’est confié, ce sera aussi un défi car il faudra prioriser et parfois dire non. Cela dit, si je suis élu, le choix incombera au collège et si on me donne aussi bien les écoles ou la sécurité que le logement ou l’urbanisme, je serai très content!