
HOMMAGE • Un journaliste, deux anciens syndics, ainsi que Marie-Ange Brélaz pour… se substituer à la Ville de Lausanne. Lassé d’attendre, ce groupe de passionnés vient de faire déposer, en l’honneur de l’artiste lausannois Pierre Dudan, une plaque commémorative privée au 28 de la rue Marterey.
«Puisque la Ville ne veut pas le faire, nous choisissons de le faire nous-mêmes!» Le journaliste Jean-Pierre Pastori ne cache pas sa satisfaction. Auteur d’une biographie consacrée à Pierre Dudan auteur-compositeur-interprète de «La Chanson du Grand-Pont» et de «La Place Saint-François», il a, durant de longs mois, sollicité la Municipalité pour qu’enfin une plaque commémorative soit apposée dans un des immeubles où vécut l’artiste lausannois.
«Acte citoyen»
Alors de guerre lasse, et après une discussion avec Marie-Ange Brélaz, elle-même alertée par l’article que Lausanne Cités avait consacré à cette question en février dernier, ils décident de faire apposer eux-mêmes une plaque privée au 28 rue Marterey à l’endroit qui abrita jadis le cabaret La Souricière, où Dudan fit ses débuts avec la pianiste Edith Burger. «Pour moi, dès lors que la Ville ne voulait pas le faire, il nous revenait d’en prendre l’initiative car c’est un acte citoyen, explique Marie-Ange Brélaz. Non seulement parce que Lausanne est une ville de culture, mais aussi parce que Pierre Dudan fut une personnalité absolument remarquable dont les œuvres furent reprises par Henri Salvador, Barbara Streisand, ou Frank Sinatra».
Le tout avec le concours et le soutien, excusez du peu, de deux anciens syndics de Lausanne, Yvette Jaggi et Daniel Brélaz. «Je suis là parce que je dois m’occuper de culture plus que d’autres, lance toujours pince-sans-rire, son ex-syndic de mari, Daniel Brélaz. J’ai lu l’ouvrage que M. Pastori a consacré à Pierre Dudan et je considère qu’il mérite 1000 fois cette plaque qu’il n’a pas eue de la Ville».
Quant à Yvette Jaggi, c’est une démarche plutôt personnelle, en mode nostalgie, qui explique son soutien: «C’est vraiment le souvenir de mon père qui m’a animée, confie-t-elle avec un grand sourire. Lui était vraiment très amateur de Pierre Dudan et l’écoutait tout le temps à la radio».
Accord de la veuve
De l’intention à la concrétisation, il y a un pas, qu’il a fallu franchir et qui passait évidemment par les autorisations nécessaires. D’abord celle de la veuve de l’artiste, Mariette Dudan, qui n’a pas caché son enthousiasme: «La question de la plaque commémorative en mémoire de mon mari se pose depuis fort longtemps, explique-t-elle. Et quand Jean-Pierre Pastori m’a contactée, j’ai évidemment donné mon accord, parce que cela relève de la fidélité à mon époux, dont je considère en outre qu’il est tout à fait légitime pour une telle démarche».
Restait l’aval de la régie. «Nous avons tout fait dans les règles de l’art en prenant langue avec la régie, qui a ensuite informé l’assemblée des copropriétaires de notre demande. Ces derniers ont aussitôt dit OK et le résultat est aujourd’hui magnifique, puisque cette plaque est exactement à l’endroit que l’on souhaitait» se réjouit Jean-Pierre Pastori, heureux et soulagé de voir Pierre Dudan enfin reconnu dans sa ville.