
ENJEU • Alors que la Municipalité vient de rendre public son rapport-préavis sur la politique des quartiers, David Payot municipal en charge du dossier revient sur la place qu’il entend accorder à l’animation socioculturelle à Lausanne.
Lausanne Cités: Dans votre rapport-préavis, vous annoncez que la Ville ne souhaite pas une «municipalisation» de la Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise (FASL). En quoi est-il important qu’elle conserve son autonomie?
David Payot: La Ville compte désormais 19 lieux d’animation, dont 17 confiés à la FASL et deux gérés directement par la Ville. Il y a un réel intérêt à disposer des deux types d’organisation, pour que chacun puisse s’inspirer des succès de l’autre. Il y a donc un intérêt à maintenir un modèle auquel adhèrent le personnel d’animation, et surtout les associations de chaque lieu et leurs usagers. Chaque lieu d’animation a une identité propre, qui est liée à son quartier, mais aussi à son histoire. C’est aussi pour préserver ces aspects que nous souhaitons renouveler notre convention avec la FASL.
Quel rôle jouera la FASL dans la politique des quartiers que vous esquissez dans ce rapport-préavis?
Le fait d’avoir du personnel d’animation qualifié et des lieux dédiés est la spécificité de l’animation socioculturelle par rapport au reste de la politique des quartiers. Cela permet d’élaborer des activités et des projets avec des publics qui ne s’engageraient pas dans une association et ne pourraient pas développer seuls leurs projets, je pense en premier lieu aux enfants et aux jeunes, mais aussi à des personnes à la recherche de lien social ou de collaborations. La FASL propose quantité d’occasions d’engagement, de partage et d’apprentissages pour la population. Ce rôle est indispensable, mais pas exclusif, la politique des quartiers pouvant prendre de nombreuses formes. C’est pourquoi nous voulons aussi offrir avec le Domaine vie de quartier d’autres soutiens – le budget participatif et la Caravane des quartiers, notamment – et des occasions d’échange pour mettre en lien, débattre et soutenir les initiatives de la population.
La Ville affirme ne pas vouloir administrer les lieux, les ressources et le personnel de la FASL mais expose sa volonté de poser des outils de coordination au service des acteurs de la vie de quartiers. Ce faisant, n’exerce-t-elle pas une tutelle sur les activités de la FASL?
L’animation socioculturelle est un service public important, mais qui doit se coordonner avec d’autres services, et en particulier ceux assurés par la Ville. Premièrement, c’est une source d’information précieuse pour pouvoir connaître les enjeux rencontrés sur le terrain de l’animation socioculturelle qui doivent interpeller d’autres entités de la Ville. Deuxièmement, cela permet de partager les connaissances des quartiers réunies par la FASL et par la Ville, et d’y répondre en tirant le meilleur parti des forces et ressources de chacune. Enfin, cela permet d’avoir un discours cohérent vis-à-vis de la population. Entre Ville et FASL, cela n’a pas de sens de nous ignorer ou de nous délégitimer.
Vous annoncez une collaboration plus active avec la FASL pour coconstruire des outils de pilotage institutionnel. N’est-ce pas une manière de maintenir sous tutelle l’animation socio-culturelle avec le risque de braquer ses animateurs?
Avec le développement de la politique des quartiers, en 2016, nous avons voulu une ville qui permet à chaque habitant de s’engager, ce qui a a changé la position de la Ville en tant qu’autorité, et a obligé à questionner aussi la position de l’animation socioculturelle. Cela implique un rapprochement qui peut faire craindre pour leur indépendance. Mais c’est surtout une reconnaissance de leur travail, et une occasion d’augmenter son impact sur toute la ville.
La convention qui lie la Ville à la FASL arrive à échéance cette année. Quelles modifications allez-vous introduire dans la prochaine convention?
Nous insisterons moins sur le contenu des activités ou les publics à toucher, et plus sur les besoins de coordination, moins sur les indicateurs chiffrés et plus sur les diagnostics communs.