
POLEMIQUE Concepteur du site internet à l’origine de l’affichette «Stop! On en a marre!» qui critique la Ville pour son «inertie» à défendre les petits commerces, Claudio Bocchia est devenu pour beaucoup l’homme qui dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Portrait d’un autodidacte qui marche à l’instinct.
C’est dans les locaux de son entreprise, Sigma Consulting SA, que Claudio Bocchia nous reçoit. En toute simplicité, affable et souriant. Celui dont beaucoup parlent à Lausanne ces derniers temps est devenu, un peu «à l’insu de son plein gré» comme il aime le répéter, l’homme qui a osé s’attaquer de front à la Municipalité en critiquant, par le biais d’une affichette qui orne les devantures de nombreux commerçants de la ville, «l’inertie des autorités» dans la défense du petit commerce et appelle à un changement de l’équipe municipale lors des élections du printemps prochain.
Une jeunesse atypique
Bien calé dans son fauteuil, face à son ordinateur, il tient d’abord à nous raconter son parcours de vie. Un parcours atypique: sa naissance à Berne, le 18 juillet 1966, où il a passé ses huit premières années et fréquenté l’école français, le divorce de ses parents ensuite et son départ, avec sa mère, à Lausanne où il a passé tout le reste de son enfance. L’école, dont il ne garde pas forcément un bon souvenir, «j’étais un cancre assis, comme il se doit, au fond de la classe à côté du radiateur. J’ai fini par me faire virer peu avant la fin du cycle obligatoire, donc je n’ai jamais eu mon certificat». Après, il va s’engager pour faire un apprentissage de commerce, taraudé par une passion qui est sienne aujourd’hui encore, l’informatique. «Dès que les premiers ordinateurs sont arrivés sur le marché, à l’aube des années 80, je me suis passionné pour cette nouvelle technologie». Elle l’amènera, en marge d’un apprentissage qu’il ne finira pas non plus, à donner gratuitement des cours d’informatiques aux enfants lausannois et à faire des conférences. Cela lui permettra, après moultes péripéties et pendant près de 20 ans, de mettre son esprit analytique et logique à réaliser une multitude de projets liés à l’informatique, notamment dans le secteur bancaire ou dans des multinationales telles que SGS ou Philip Morris.
Un self made man
Mais pas seulement, car l’homme est un hyperactif qui marche à l’instinct. Il adore créer. «Je ne peux pas rester sans rien faire. J’aime essayer de trouver des solutions simples à des problèmes complexes», dit-il en souriant. Cet état d’esprit le conduira sur des chemins aussi différents que celui du divorce en créant notamment easydivorce.ch, le premier site internet suisse dédié au divorce en ligne, au shooting numérique en créant un studio photos, jusqu’à la création de l’entreprise qu’il dirige aujourd’hui encore, Masculin Center, qui compte huit centres en Suisse romande destinés au bien-être masculin. Ce serial entrepreneur, comme il se définit lui-même, est par ailleurs un homme qui voue aussi une réelle passion aux mystères historiques. En a résulté la parution d’une dizaine de livres qui explorent et développent des théories qui défient les explications conventionnelles, comme celles concernant la mort de Toutankhamon, les secrets des Templiers ou encore la légende de l’Atlantide, pour ne citer qu’eux.
La Municipalité «botte en touche»
Comment donc cet homme, qui jure n’avoir aucune attache partisane, s’est-il soudain retrouvé propulsé au cœur du champ politique? Par hasard, au gré d’un apéro entre commerçants du cru durant lequel ces derniers faisaient part de leur colère et de leur ras-le-bol vis-à-vis d’une Municipalité qui «botte en touche» des problèmes pérennes qu’ils dénoncent, mettant en danger leurs commerces: travaux sans fin, dealers, mendiants et marginaux qui déambulent à tout-va, guerre aux voitures ou encore incivilités croissantes.
«La Municipalité dit écouter, mais elle n’entend rien!», résume Claudio Bocchia qui tient à répéter que la démarche lancée est «citoyenne, spontanée et indépendante» et dénote «d’un ras-le-bol face à des réalités quotidiennes devenues intenables». Face à la «mollesse» de la Ville, lui et ses acolytes commerçants qui ont participé à cette opération, invitent ainsi la population lausannoise à ne pas renouveler sa confiance à l’équipe en place lors des prochaines élections. Un peu excessif? «Non!», tonne Claudio Bocchia. «On en a marre des promesses faites et non tenues. Il faut une nouvelle équipe à la tête de Lausanne pour la rendre à nouveau propre et accessible avec des gens heureux de pouvoir s’y balader en toute quiétude. Ce qui n’est malheureusement plus le cas. II n’y a qu’à voir ce qui vient de se passer ces deniers jours.»