
SÉCURITÉ • Deux drames ont bouleversé Lausanne: Camila, 14 ans, et Marvin, 17 ans, ont perdu la vie après un refus d’obtempérer. Face à l’émotion et aux inquiétudes des parents, la conseillère communale PLR Françoise Piron vient de déposer un postulat. Son objectif: mettre en place une campagne de sensibilisation afin de rappeler les risques encourus par de tels comportements.
À Lausanne, les noms de Camila et de Marvin sont devenus synonymes de drames liés aux refus d’obtempérer. Camila, 14 ans, a perdu la vie le 30 juin dernier lors d’une intervention policière, après avoir tenté d’échapper à un contrôle.
Deux mois plus tard, le 24 août, c’est Marvin, 17 ans, qui succombe dans des circonstances similaires, après avoir refusé d’arrêter son véhicule et perdu la maîtrise de son scooter. Deux histoires différentes, mais une même tragédie qui bouleverse la ville et nourrit un débat sensible: comment prévenir ces situations à haut risque, où une interpellation routière se transforme en issue fatale?
Des parents inquiets
Face à cette question, la conseillère communale PLR Françoise Piron a choisi une approche préventive plutôt que répressive. Elle a déposé un postulat demandant à la Municipalité de lancer une campagne de sensibilisation destinée aux adolescents et aux jeunes adultes. «J’ai entendu des mères et des pères exprimer leurs inquiétudes pour leurs propres enfants, précise l’élue. À l’adolescence, la recherche de limites fait partie du développement, et dans ce contexte, le dialogue est essentiel. Mon postulat vise à renforcer ce dialogue en donnant aux jeunes des repères clairs sur les conséquences d’un refus d’obtempérer, et en soutenant les parents dans cette discussion. Car une tentative de fuite pour éviter un contrôle peut avoir des conséquences dramatiques et irréversibles, tant sur le plan pénal que sécuritaire.»
Pas de chiffres lausannois
Ce phénomène est-il en augmentation à Lausanne? Alexia Hagenlocher, chargée de communication à la police municipale, admet qu’aucun monitoring n’est effectué sur le refus d’obtempérer. Tout en rappelant que la démarche de Françoise Piron pourrait potentiellement trouver un écho favorable auprès du corps de police: «Tant l’administration que la police sont favorables à toute démarche de prévention, conseil, soutien et d’information impliquant divers partenaires.»
Du côté des experts, l’idée est aussi bien perçue. Patrice Villetaz, chargé de cours de criminologie à l’Université de Lausanne, estime même que la police pourrait se charger de la concrétiser: «Le phénomène des refus d’obtempérer n’est pas nouveau, mais il est devenu beaucoup plus médiatisé ces dernières années. L’idée d’une campagne de sensibilisation est très positive. Elle peut facilement s’intégrer aux cours d’éducation routière dispensés par la police dans les écoles du primaire. Ainsi, la plupart des jeunes seraient clairement informés des risques et conséquences quant au refus d’obtempérer à un ordre de police.»
Nos désirs pour une réalité
Les jeunes devraient-ils être les seuls concernés? «Non, ce ne sont pas les seuls qui ont du mal à respecter l’autorité, rappelle Patrice Villetaz. Certains mouvements écologistes, comme Extinction Rebellion, relèvent du même principe d’absence de limites et de désobéissance civique. Nos sociétés tendent à devenir une sorte de jungle, où chacun souhaite - et même veut - voir ses désirs se réaliser immédiatement.» De l’aveu de Françoise Piron, cette campagne pourrait se décliner sous différentes formes: affiches dans l’espace public, discussions dans les maisons de quartier, distribution de dépliants ou encore intégration dans les actions plus générales de prévention.
Et l’élue de préciser:«Si le plénum accepte ce postulat, il appartiendra ensuite à la Municipalité de définir, en concertation avec les professionnels qui travaillent au quotidien avec les jeunes, les mesures les plus adaptées.»