
ÉDITION • Librement inspiré de l’histoire de Martial Richoz, connu des Lausannois sous le nom de «l’homme-bus», l’album «Voie de garage» sort cette semaine en librairie. Rencontre avec Martin Zeller, directeur de collection chez Dargaud.
Lausanne Cités:Comment est venue l’idée de publier ce roman graphique?
Martin Zeller:Il faut rendre à César ce qui appartient à César: l'idée est venue de la scénariste Sophie Adriansen qui, ayant découvert le parcours de Martial Richoz à travers un reportage, a voulu s’en inspirer pour un projet de bande dessinée. Elle, dont tout le travail a toujours porté sur les marges, a été frappé par l’histoire de ce personnage littéralement hors normes…
Avez-vous été difficile à convaincre?
Bien au contraire, nous avons tout de suite été enthousiasmés et le résultat a été au-delà de nos espérances. Chaque fois que je relis ce livre, j'ai la gorge qui se noue et c’est cela qui est magnifique car cette émotion, on n’est jamais sûr de l’avoir avant qu’un album ne soit terminé. Le dessinateur Arnaud Nebbache s’est emparé de cette histoire avec une sensibilité telle que l’on ne tombe jamais dans la caricature mais dans une narration tout en délicatesse…
«Voie de garage» s’inspire de l’histoire de Martial Richoz, un personnage qui a marqué la ville de Lausanne et qui vouait une véritable passion aux trolleybus…
Cette BD reste une fiction même si elle est très largement inspirée d’une histoire vraie. Avec les auteurs on s’est beaucoup posé la question de savoir si on conservait le nom de Martial ou pas. Finalement, changer le nom du personnage nous a permis une licence poétique que la biographie pure ne nous aurait jamais autorisée… Ce qui ne nous a pas empêchés de remercier abondamment Martial dans l’album.
Connaissiez-vous l’histoire de Martial Richoz?
Pas du tout. Mais comment ne pas être séduit par une histoire qui raconte quelque chose sur la nature de notre monde? Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous avons vécu un grand moment d'acceptation de ce qui n’est pas dans la norme… Cet album a une dimension contemporaine en montrant que dans les années 80 ou 90 beaucoup de gens se sont mobilisés pour le respect de ce qui n’est pas dans la norme. Ils se sont en fait engagés pour soutenir un type inoffensif qui se baladait avec un trolley imaginaire à Lausanne et capable d’apporter de la joie dans la ville…
Lausanne justement. Pourquoi avoir choisi de garder la ville comme décor de l’album?
D’abord parce que Martial Richoz est inscrit dans l’histoire de cette ville. Ensuite, parce que garder Lausanne permettait aux auteurs de se concentrer sur le récit et la narration et de ne pas avoir besoin d’inventer des éléments de décor et de contexte. Et enfin et c’est le plus important, positionner l’album dans le Lausanne des années 80 et 90 avec le langage de l’époque était la garantie pour nous de maintenir la dose de poésie qui entoure cette histoire…