Selon des données lausannoises, la viande rouge est un facteur de risque pour le diabète

Rédigé par
Kristell Moullec
Santé & Bien-être

ÉTUDE • La viande rouge est aujourd’hui sur le banc des accusés concernant le diabète de type 2. Une étude internationale vient de paraître et elle pourrait bien nous faire changer rapidement nos habitudes alimentaires. Surtout car une partie des résultats de la recherche inclut des données lausannoises

500 millions de personnes sont atteintes du diabète de type 2 sur la planète, et selon les estimations, il y en aura deux fois plus en 2050. En Suisse, 450’000 personnes seraient concernées dont 10% de Vaudois, soit 45’000 malades, d’après l’Observatoire de la santé. En réalité, les chiffres sont sûrement plus élevés car la maladie reste silencieuse pendant un long moment avant de se déclarer. Résultat: une personne sur trois ignore qu’elle a un diabète et ne le découvre, en moyenne, qu’après sept ans. 
Changer le contenu  de nos assiettes 
Alors comment faire pour protéger notre santé? Une recherche de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni vient de paraître à ce sujet et elle tire la sonnette d’alarme sur la consommation de viande rouge. Cette dernière était déjà suspectée depuis un moment, mais aujourd’hui, les preuves sont là. Consommer 50 grammes de viande transformée par jour, l’équivalent de deux tranches de jambon, augmente de 15% le risque de développer un diabète de type 2. Avec la viande non transformée, comme un steak de bœuf de 100 grammes par exemple, c’est 10% de risque en plus. 
L’étude est encore à approfondir pour la viande de volaille, mais il semble qu’une consommation similaire de poulet ou de dinde fasse grimper le risque de 8%. Le chercheur au Service de médecine interne du CHUV, Pedro Marques-Vidal, qui a participé à cette recherche, met en garde: «Même des quantités relativement faibles de viande rouge ou transformée peuvent avoir des conséquences significatives sur la santé à long terme. Cependant, nous n’avons encore que des hypothèses à ce sujet. Ce que nous savons est que la viande rouge contient des acides gras saturés qui pourraient favoriser l’obésité, l’un des facteurs de risque principaux du diabète de type 2. L’excès de fer dans le corps et la production de certaines substances lorsque la viande est digérée sont également des pistes. Enfin, il est fort possible que la combinaison de plusieurs facteurs soit en cause.»
Recherche mondiale, participation lausannoise
Deux millions de personnes ont accepté de participer à cette recherche mondiale. Pour que les résultats soient significatifs, l’âge, le sexe, le poids mais aussi le mode de vie des participants ont été pris en considération. Les scientifiques ont également choisi des pays dans lesquels les habitudes de consommation de viande étaient différentes, pour plus de pertinence. En Suisse, l’étude Colaus a récolté les données des 6700 Lausannois qui se sont portés volontaires pendant près de vingt ans. «Ces personnes ont accepté d’être suivies pour l’étude depuis 2003 et le sont encore. Nous leur devons beaucoup, car grâce à eux, nous avons pu voir que ce qui est observé à l’international se vérifie également ici» souligne le professeur Marques-Vidal. 
Une question de modération
Si les chiffres mondiaux sont préoccupants, les données lausannoises nous montrent que le risque est bel et bien présent chez nous aussi. Il devient donc urgent de réduire la quantité de viande dans nos repas et ça ne relève pas d’une nouvelle tendance. Le but est bien de protéger notre santé pour ne pas risquer de voir notre état se détériorer dans les années à venir. 
Pour notre bien-être et celui des générations futures, la bidoche, ce sera maintenant avec modération comme le préconise Pedro Marques-Vidal: «Les Lausannois peuvent commencer par réduire leur consommation de viande rouge ou transformée. On sait qu’en excès, elle favorise déjà des problèmes de santé, comme les maladies cardiovasculaires. A choisir, il faut privilégier la viande blanche, qui présente moins de risques pour la santé et a aussi un moindre impact environnemental. Manger plus de fruits et de légumes est aussi fortement conseillé.» Même si cela implique, de temps en temps, de faire une croix sur certains de nos plats traditionnels préférés... 

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