INNOVATION • Fin 2023, le CHUV s’équipait d’une Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) dernier cri, appuyée par l’Intelligence Artificielle (IA). Un an plus tard, cette technologie est toujours uniquement dédiée à la recherche, mais pourrait bien, dans un futur proche, changer la donne pour les diagnostics, notamment chez les patients souffrant de problèmes cardiaques.
La procédure est longue, bruyante et on se retrouve coincé dans un tunnel étroit où il ne faut pas bouger d’un millimètre, sous peine de devoir recommencer. Si cette situation inconfortable vous parle, c’est que vous faites partie des 12% de Suisses à avoir passé une IRM au cours de la dernière année. Redoutée des claustrophobes, la technique d’imagerie médicale pourrait bientôt devenir plus confortable pour les patients du CHUV.
L’hôpital dispose depuis quelques mois d’un appareil de dernière génération: une IRM à bas champ magnétique. Moins bruyante que les machines classiques, elle est aussi équipée d’un tunnel plus large, facilitant ainsi l’accès aux personnes en surpoids.
L’IA en renfort
Il existe toutefois un inconvénient. En raison du champ magnétique réduit, les images obtenues avec le nouvel appareil sont toutefois moins détaillées qu’avec les IRM standards. C’est là que l’IA entre en jeu: «Mon équipe composée d’ingénieurs, de physiciens, de mathématiciens a mis au point des outils uniques pour surmonter cet obstacle. Accompagnés de l’IA, nous parvenons maintenant à rehausser la qualité des images obtenues. Il ne nous reste plus qu’à les intégrer aux IRM à bas champ» explique le professeur Matthias Stuber, directeur de la recherche en IRM au sein du Centre d’imagerie biomédicale (CIBM) au CHUV.
Révolution pour les patients
Un exemple d’application où la nouvelle IRM pourrait véritablement changer la donne concerne les enfants atteints de maladies cardiaques. En collaboration avec des radiologues, des techniciens et des cardiologues, l’équipe de recherche a réussi à capturer des images 3D du cœur en même pas six minutes. Il est même possible d’en voir les battements et les flux sanguins. Autre bénéfice et pas des moindres: le patient n’a pas besoin de retenir sa respiration durant l’IRM, encore moins d’être intubé ou mis sous anesthésie générale, comme c’est régulièrement le cas pour les jeunes malades.
Moins d’énergie, plus d’impact
L’IRM de dernière génération marque également des points au niveau économique: elle est meilleur marché à l’achat, à l’installation et à la maintenance. De plus, sa consommation énergétique et ses besoins en hélium, un gaz rare, sont beaucoup plus faibles que les appareils traditionnels.
Le professeur Stuber et son équipe en sont convaincus, le potentiel de l’IRM à bas champ n’en est qu’à ses débuts: «L’une des forces de cette technologie, c’est qu’elle est beaucoup plus accessible. Elle promet de démocratiser l’accès à l’IRM, surtout dans les pays à faibles revenus, où les infrastructures et le personnel spécialisé sont limités.»
Des résultats encourageants
L’étape suivante consiste à valider son utilisation auprès des patients du CHUV, mais l’application clinique n’est pas pour tout de suite. «Nous devons encore explorer toutes les capacités de l’IRM à bas champ, notamment en ce qui concerne l’intégration de l’IA, mais les premiers résultats sont déjà très prometteurs» déclare avec enthousiasme le professeur Stuber.
Sachant que plus d’un million d’IRM ont été réalisées au cours des cinq dernières années en Suisse, les avancées du groupe de chercheurs pourraient considérablement améliorer la prise en charge des patients à Lausanne et d’ici quelque temps, bien au-delà des frontières vaudoises.