Quand une fondation lausannoise se fait marcher 
sur les pieds par une podologue...

Rédigé par
Frédéric Nejad Toulami
Lausanne

DISCORDE • La Maison de la communication à Lausanne a dû enlever son nouveau panneau à l’entrée à la demande d’une locataire du même immeuble. La Ville a tranché dans cette affaire cocasse qui semble pourtant déranger.

«Nous ne souhaitons pas que cette histoire paraisse dans la presse.» Cette déclaration résume à elle seule l’état d’esprit rencontré auprès des principaux interlocuteurs d’une affaire pourtant modeste mais fort instructive. Détail ironique: elle émane du secrétariat de la Maison de la... communication. Jugez plutôt. Situé au numéro 1 de l’avenue de Florimont, l’immeuble qui abrite la Fondation de la Maison de la communication et de la formation appartient à la Ville. Au sein de cette fondation, divers acteurs dont le principal: l’école de marketing, vente et communication SAWI. Le Centre de formation du journalisme et des médias (CFJM) y réside au 3e étage mais n’est plus membre de la fondation. 
Intervention de la Ville
Au début de l’été, cette dernière a décidé de changer son logo en forme de sculpture métallique bleue qui trônait à l’entrée de la bâtisse depuis des années. Un caisson blanc d’une dimension similaire mais compact, frappé du nom de l’institution y fût posé à la place. Précisons que des plaques plus modestes aux noms des locataires à chaque étage sont aussi fixées sur la façade de part et d’autre de la porte d’entrée, bien visibles depuis le trottoir. Et pourtant… Il semble que la Maison de la communication ait agi sans consulter tous les autres locataires. Parmi eux, une podologue qui a son cabinet depuis de nombreuses années au dernier étage. Cette professionnelle a une plaque bien apparente en forme de pied sur le mur et une seconde plus petite sur le côté de la porte d’entrée. Elle a estimé que la fondation avait mis les pieds dans le plat en installant ce caisson. 
La cause: il cacherait son panneau professionnel de la vue des passants. La podologue s’est donc opposée à cette installation déjà effectuée. La tension semble être montée à pas feutrés et les autorités lausannoises ont été sollicitées pour trancher. Du côté de la Ville, on tient à préciser en préambule que le cadre régissant les procédés de réclame relève du droit du bail et de dispositions administratives, ce qui est le cas pour un tel panneau. Plusieurs services partenaires sont concernés lors d’une demande d’installation ou de modification de ce type de procédé, pour lequel une autorisation est requise.
La Ville, bailleresse des lieux, invite les parties non seulement au respect des différentes procédures à entreprendre mais également au respect entre locataires, souligne Alexane Bornoz, porte-parole de la Direction communale du logement: «Dans cette affaire, la Maison de la communication a en effet été invitée cet été à retirer le panneau-caisson, ce qu’elle a fait. Aucune conciliation ne s’est avérée nécessaire à ce stade.» Le retrait du panneau s’est donc effectué à la demande de la Ville «afin de préserver une entente cordiale entre locataires, déclare Alexane Bornoz. Un contexte arrangeant est un premier levier avant toute procédure administrative engendrant parfois une issue défavorable pour toutes et tous!» Combien de cas de litiges similaires ont été répertoriés en 2023 à Lausanne? D’après le Service du logement, ils sont marginaux: «Ces divers aspects sont traités en amont lors des différentes autorisations requises, auprès du bailleur et du Service de l’économie, en tenant compte notamment d’un ensemble de facteurs visuels et esthétiques.» 
Critères esthétiques
Une procédure définit le cadre des procédés de réclame. Il est accompagné en tout temps d’un environnement conciliant visant à des aménagements respectueux des normes et du voisinage. «Cette étape est partie intégrante du processus d’autorisation que le locataire doit ensuite adresser au Service de l’économie, précise Alexane Bornoz. Ce dernier, sur la base d’une législation cantonale, complétée par un règlement communal, examine le formulaire ad hoc qui lui est soumis, incluant ladite validation du bailleur le cas échéant.» 
Parmi les éléments pris en compte lors de l’examen du Service de l’économie figurent des «critères esthétiques, avec notamment pour objectifs la préservation et l’amélioration visuelles de l’espace public ou encore une certaine sobriété et limitation de la publicité lumineuse, eu égard au Plan climat». L’adaptation au quartier - zone à valeur patrimoniale, bâtiment classé, commerces alentours - est aussi à citer, précise la Ville. Cette dernière confirme que la Maison de la communication et de la formation n’avait adressé aucune demande d’autorisation au Service de l’économie avant d’installer son panneau cet été. Et ce alors que la pose mais «également toute modification des procédés de réclame» doivent faire l’objet d’une demande officielle. Selon nos informations, ce caisson aurait coûté environ 800 francs. «Ça ne regarde que nous et ce n’est pas un souci, ce sont vos questions qui me dérangent car il n’y a pas sujet à controverse, réagit la responsable du secrétariat de la fondation. Nous avions posé ce panneau afin que ce soit plus joli.» Quant à la podologue qui a eu gain de cause, elle ne désire pas s’exprimer davantage sur ce sujet décidément sensible…

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