TOURISME • La capitale vaudoise sans son stade de la Tuilière, son siège clinquant du CIO, son Tribunal fédéral, ses pistes cyclables. Comme pour d’autres villes suisses, la dernière publication des photos des rues sur le célèbre site web américain remonte à dix ans, voire plus. Ce déficit d’image devrait être bientôt résolu.
Grâce au site Street View, du géant numérique Google, chaque habitant de la planète connecté à internet peut explorer virtuellement n’importe quelle cité du monde. Un panorama à large spectre proposé sur son écran dévoile chaque aspect d’une rue, d’une avenue, d’une place, ce qui permet de se faire une idée de l’aspect d’une ville, tant pour un touriste, un futur expatrié que pour un éventuel entrepreneur étranger. Cette navigation numérique visuelle est possible grâce aux voitures de Google (médaillon) qui sillonnent les nombreuses routes de la planète avec des caméras à 360 degrés fixées sur leurs toits.
Grosses lacunes
Une fois le rendu final enregistré et diffusé sur le site Google Maps, avec le floutage de certaines images en raison des lois et règlements nationaux de protection des personnes et des données, il suffit ensuire de cliquer sur le petit pictogramme du bonhomme jaune en bas à droite et de le glisser sur un axe indiqué. Le constat actuel en visitant Lausanne sur Google Street View n’est cependant pas glorieux.
Soit des rues et avenues ont été ignorées, avec comme conséquence l’inexistence du moderne Rolex Learning Center de l’EPFL au bord de la route cantonale, tout comme la vénérable bâtisse de la Cour suprême helvétique. Soit la voiture avait tout photographié en 2014, avant la création des désormais nombreuses pistes cyclables, et la construction de bâtiments: le théâtre de Vidy y est orphelin de son annexe en bois (de 2017), le siège du CIO ne présente pas sa fière architecture dotée d’une façade de verre (2018), le stade de foot de la Tuilière (2020) laisse place à un champ, et les bâtisses du nouveau quartier des Plaines du Loup n’apparaissent pas.
Une impression révolue de la capitale vaudoise s’offre ainsi au monde entier sur internet. Pour le professeur Roland Schegg, à la filière tourisme de la Haute école de gestion de la HES-SO à Sierre (VS), le fait que les images de Lausanne datent de 2014 pose un problème: «Cela ne reflète pas les très nombreux développements récents de la ville. Cette situation peut clairement nuire à l’image de la capitale vaudoise et à son attractivité en ligne, notamment en décalage par rapport à son dynamisme actuel.»
Première porte d’entrée pour les voyageurs
Contacté, le directeur de l’Office du tourisme de la capitale olympique Steeve Pache ne cache pas qu’il serait très heureux que les données sur Google Street View soient à jour. «C’est un outil fréquemment utilisé par les hôtes de passage autant pour préparer une éventuelle venue que pour trouver un lieu bien précis lorsqu’ils sont ici. Selon mes équipes, il n’est pas possible de demander un passage pour mettre à jour les données, ces démarches sont propres à Google», précise-t-il.
Mais selon le professeur Roland Schegg et ses collègues de la HES-SO en Valais, il semble possible de solliciter une mise à jour à la multinationale qui a un siège à Zurich. Par exemple, en contactant Google Maps pour les professionnels. «La Ville de Lausanne peut directement les contacter via leur formulaire en ligne ou leur support, pour exprimer son besoin d’une mise à jour.» Il poursuit en proposant aussi une mobilisation de la communauté locale pour démontrer l’intérêt d’une mise à jour afin de convaincre Google de l’importance de la ville. Voire de collaborer avec d’autres municipalités ou avec le Canton, car une demande groupée, mettant en avant l’intérêt touristique et économique, peut avoir plus de poids.» Et de préciser qu’il s’agit de mettre en avant les changements significatifs, en insistant sur les nombreux développements récents. Les habitants peuvent aussi contribuer activement en signalant des erreurs ou en ajoutant des informations manquantes.
Intérêts touristiques et économiques
Roland Schegg poursuit: «Google Street View permet aux potentiels visiteurs de découvrir les lieux à distance, suscitant ainsi l’envie de la visiter physiquement. C’est une première porte d’entrée pour de nombreux voyageurs. Les touristes utilisent souvent Street View pour planifier leurs itinéraires et repérer les lieux d’intérêt avant leur arrivée. Cela aide à améliorer leur expérience de voyage en réduisant les imprévus.»
L’enseignant souligne par ailleurs que les images de Street View sont intégrées dans les fiches Google My Business, ce qui améliore la visibilité des entreprises locales dans les recherches en ligne. «Une ville bien représentée sur Street View a plus de chances de capter l’attention des utilisateurs. Quant aux entreprises, elles utilisent également Street View pour évaluer l’environnement d’une ville avant d’y investir. Une bonne couverture peut ainsi encourager le développement économique en mettant, par exemple, en valeur les commerces, les restaurants, et les diverses infrastructures locales.»
De plus, Street View documente l’évolution urbaine au fil du temps, créant ainsi un patrimoine numérique qui peut notamment être consulté pour des recherches historiques ou pour suivre le développement urbain. Le 13 août dernier, Lausanne Cités a croisé une voiture Google, caméra sur le toit, dans le centre de Lausanne. Elle sillonnera jusqu’en octobre 2024 les communes vaudoises d’Yverdon-les-Bains, Nyon, Morges, Montreux, Payerne, La Tour-de-Peilz, Aigle, Echallens. Les nouvelles images panoramiques devraient être diffusées sur le site Street View en novembre de cette année.