JARDINS • Les Lausannois sont toujours plus nombreux à se découvrir une passion pour le jardinage de proximité. Encadrés par la Municipalité, ces petits potagers où chacun peut cultiver fruits et légumes permettent d’améliorer l’environnement urbain tout en facilitant le lien social.
Depuis des décennies, les Lausannois ont pris l’habitude de se muer de temps à autre en paysans-cultivateurs. Au fil des années, cette habitude s’est muée en véritable passion, puisque sur tout le territoire communal près de 140’000 mètres carrés soit l’équivalent tout de même de vingt terrains de football, sont consacrés au jardinage en milieu urbain. Il y a bien sûr les très connus jardins familiaux, ancêtres des jardins ouvriers du XIXe siècle que l’on retrouve surtout en périphérie de la ville. Et puis il y a de minuscules parcelles, parsemées un peu partout au cœur de la ville, souvent dans des zones densément peuplées, appelées plantages et dont une partie est déclinée sur un mode associatif dénommé «potagers urbains». Et ces derniers font, si on ose dire florès, puisqu’une dizaine en sont aujourd’hui dénombrés, pour une surface totale de près de 8000 m2, le plus petit, au parc du Piotet, occupant à peine 25 m2.
Démarche participative
«Ce sont de petits projets pas bling-bling pour un sou, mais qui à chaque fois, mobilisent un grand nombre de personnes qui n’ont pas forcément l’habitude de participer à la vie de la collectivité», s’enthousiasme la municipale en charge du logement, de l’environnement et de l’architecture, Natacha Litzistorf. Et pour cause: alors que les plantages relevaient d’une démarche verticale, élaborée par le service des parcs et domaine de la Ville puis mis à disposition de la population, les potagers urbains relèvent d’une démarche participative qui cherche à impliquer la population au maximum.
Concrètement, ces services identifient partout où c’est possible, des parcelles éligibles (intervalles non constructibles, espaces inutilisés, etc.) et le voisinage très proche est ensuite convié à une première séance d’information et d’échanges. «Le but de cette première rencontre est de lever les inquiétudes quant aux éventuelles nuisances, de prendre les premières inscriptions et d’expliquer aux personnes intéressées les règles de fonctionnement de ces potagers principalement être domicilié à cinq minutes à pied et respecter les règles de l’agriculture biologique» explique Natacha Litzistorf.
Le projet de potager est ensuite progressivement construit – chaque ménage y disposant de sa propre parcelle - sous la coordination de professionnels de la Ville qui encadrent et conseillent les participants, en veillant à ce que les règles soient respectées et que le potager ne soit pas laissé à l’abandon.
Et ça marche, au point que la Ville s’est vu décerner le prestigieux Prix Schulthess des jardins 2015. Mais au-delà des distinctions, c’est évidemment la satisfaction des usagers qui prime. «Franchement c’est génial de pouvoir cultiver et consommer des fruits ou des légumes sur une parcelle juste en bas de chez soi, se réjouit Jacqueline rencontrée aux Falaises. Ça a créé une nouvelle dynamique dans tout le quartier et au moins on sait ce que l’on mange».
Nombreux avantages
La plus-value des jardins potagers est en effet mutiple. Et d’abord… économique. Selon une étude française, l’exploitation de ces potagers représenterait le revenu d’un 13e salaire. Sans compter bien sûr les avantages en termes de lien social: «Les potagers sont non seulement des condensés de durabilité, mais ils sensibilisent au gaspillage, baissent les tensions, créent de l’entraide et favorisent le dialogue entre voisins, parfois entre personnes qui ne se sont jamais parlé, tout en embellissant les lieux», constate Natacha Litzistorf qui affiche son ambition: faire en sorte qu’à l’avenir, partout à Lausanne on puisse jardiner au pied de chaque immeuble. Mais pour ambitieux qu’il soit, ce projet reste difficile à mettre en œuvre, tant le nombre de parcelles disponibles risque de s’amenuiser avec le temps. La Ville réfléchit ainsi à s’associer à des propriétaires privés, en particulier les propriétaires d’immeubles, afin d’identifier de nouveaux espaces à valoriser.