CRIMINALITÉ • Alors que les commerçants lausannois font depuis quelques mois face à une vague de cambriolages, nombre d’entre eux déplorent les difficultés à faire enregistrer leur plainte par la police. Avec à la clé des chiffres sous-estimés.
Pour les commerçants, c’est peut-être la goutte qui fait déborder le vase, dans un contexte déjà très tendu. Depuis le début de cette année, nombre d’entre eux ont observé et subi, un grand nombre de cambriolages ou de tentatives de cambriolage. Combien exactement? Difficile de le savoir, les statistiques de 2025 ne seront évidemment disponibles que l’année prochaine.
«Il n’est pas possible de fournir des chiffres officiels ventilés selon le type de locaux cambriolés. Les tendances observées entre 2023 et 2024 étaient comparables, tandis que pour 2025, la tendance à ce stade de l’année, est à la hausse» précise néanmoins Samuel Nanchen chargé de communication de la police lausannoise.
Par rues et par quartiers
Cette orientation à la hausse, la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL) la confirme sans la moindre ambiguïté. «Nous constatons en effet que les cambriolages et les tentatives de cambriolage avec effraction sont en nette augmentation souligne Anne-Lise Noz, présidente de la SCCL. Nous observons aussi que ces cambriolages ont lieu par rues ou par quartiers, par exemple la rue de la Mercerie ou le quartier du Rôtillon sont particulièrement concernés». Et d’ajouter: «Le résultat c’est que les commerçants, surtout les grands magasins qui en ont les moyens, sont désormais obligés de consentir des frais additionnels pour la surveillance et la sécurité».
Cette tendance à la hausse des cambriolages, pourrait être bien pire qu’annoncé. Pour une raison simple: les plaintes déposées par les commerçants auprès de la police ne reflèteraient pas la réalité du terrain.
Partie émergée de l’iceberg
«Nous estimons que les statistiques actuelles ne sont que la partie émergée de l’iceberg car beaucoup de commerçants renoncent à déposer plainte alors que nous les encourageons à le faire systématiquement, déplore Anne-Lise Noz. Les démarches pour le faire sont plutôt compliquées, elles demandent du temps et une disponibilité que les commerçants n’ont pas».
Compliqué de déposer plainte? C’est également l’avis du conseiller communal Vert Ilias Panchard qui dépose une interpellation ordinaire à ce sujet, intitulée «Vague de cambriolages: les commerçants livrés à eux-mêmes?». «Ce qui remonte du terrain c’est vraiment la difficulté pour les commerçants de faire enregistrer leurs plaintes lorsqu’ils subissent un cambriolage ou une tentative de cambriolage. Souvent, ils s’entendent dire qu’il faut revenir plus tard, ou pire encore, que cela ne sert à rien, qu’on ne retrouvera pas les responsables, alors qu’il n’appartient pas aux policiers d’enregistrer une plainte en fonction de leur appréciation personnelle. Une procédure spécifique de plainte pour les commerçants victimes de cambriolages à répétition serait peut-être à même d’améliorer et de faciliter les procédures de dépôt».
Pas de difficulté particulière
Le chargé de communication de la police lausannoise, Samuel Nanchen, tient à nuancer: «À notre connaissance, aucune difficulté particulière n’a été signalée concernant le dépôt de plainte par les commerçants. Lorsqu’un cambriolage est annoncé, une patrouille est systématiquement envoyée sur place. Un constat est alors établi sur les lieux, ce document vaut dépôt de plainte, ce qui évite au commerçant de devoir se rendre ultérieurement dans un poste de police, sauf s’il souhaite effectuer d’autres démarches».