
SOLIDARITÉ • Depuis presque 60 ans, l’Entraide familiale vaudoise coordonne des offres bénévoles dans tout le Canton. Ce qui visait autrefois les familles lors des premiers jours après la naissance, devient petit à petit un facteur de lien social entre les générations.
Il est un peu plus de 9 heures dans les anciens locaux de l’administration à St-Prex, et le cours d’anglais peut enfin commencer. Autour de la table, cinq femmes commencent à prendre des notes et poser des questions.
C’est le cours hebdomadaire proposé par la branche st-preyarde de l’Entraide familiale vaudoise (efv) et pour ces femmes, il s’agit de bien plus que d’améliorer son anglais. «C’est un moment de partage, racontent, presque en chœur, Verena, Martine ou encore Françoise. On rigole, c’est détendu! Ça nous permet de participer à une activité de l’entraide, et c’est utile!»
De la machine à laver au transport accompagné
Maintenir le lien social comme le fait ce groupe de femmes chaque mercredi matin est l’une des missions clés de l’Entraide familiale vaudoise. Fondée en 1967 en tant que «Cartel vaudois des associations d’aide à la famille», la toute jeune association rassemble à l’époque 26 sections, un chiffre qui monte jusqu’à 46 en 1983. Certaines de ces sections existent par ailleurs déjà depuis les années cinquante, comme à Lausanne où, depuis 1949, il est possible d’emprunter des machines à laver le linge, ou d’inscrire son enfant à des camps de vacances. «L’idée était de seconder la maman dans toutes les tâches qu’elle ne pouvait pas faire les premiers jours de vie de son enfant, raconte Janick Châtelain, directrice de l’efv. Ce n’était pas gratuit, mais les tarifs étaient dégressifs selon les revenus.» Bientôt, les services se diversifient et de l’aide au maintien à la maison pour les seniors est aussi proposée. Reconnue d’utilité publique depuis 1973, le Cartel devient officiellement l’Entraide Familiale en 1996. Aujourd’hui, ce sont 26 associations membres dont beaucoup de branches régionales, qui forment l’Entraide familiale vaudoise et qui s’axent sur le partage et l’entraide intergénérationnelle. «Nos associations sont indépendantes, continue Janick Châtelain, mais notre travail, au niveau de la faîtière, est de les soutenir. Par des conseils en gestion ou au niveau associatif, en les rendant visibles, en cherchant des bénévoles pour elles. Nous proposons aussi une courroie de transmission entre le terrain et des organismes étatiques ou plus généraux.»
Toute entité peut rejoindre la faitière, tant que ses statuts la reconnaissent en tant qu’association, qu’elle se déclare à but non lucratif et qu’elle touche à la périphérie de l’aide à la famille. «Mais l’aide à la famille, c’est très large, admet Janick Châtelain. On a un public de zéro à cent ans. Nous offrons de l’accueil de l’enfance, des bibliothèques, gymnastiques enfants ou adultes, cours de français ou de langues, et pour les plus âgés, des visites à domiciles ou des transports accompagnés.»
En tout, ce sont 26 associations qui représentent 1700 bénévoles, 156 services de proximité pour un total de 79’500 heures d’engagement.
Senior cherche junior
Nombre des associations membres de la faitière seront d’ailleurs mises à l’honneur lors de la Semaine des entraides du 6 au 13 septembre. Pendant huit jours et à travers tout le canton, les associations membres organiseront ateliers, portes-ouvertes et rencontres dans leurs locaux. Le 13 septembre, une fête des entraides viendra conclure la semaine à la Maison pulliérane de Pully, avec l’intervention de musiciens et de l’humoriste Nathalie Devantay. Mais si l’Entraide se concentre davantage sur l’aide aux familles avec des enfants en bas âge, elle cherche à garder la fibre intergénérationnelle bien vivante. Financé par la fondation Leenaards, un projet sur le long cours a été mis sur pied pour implanter une collaboration entre jeunes et moins jeunes. Brochures, événements et sensibilisations ont pour objectif général de favoriser l’autonomie des seniors. Un projet qui inclut également des chômeurs qui veulent s’engager en tant que bénévoles. À Saint-Prex aussi, l’envie d’inclure toutes les générations ne manque pas. Surtout que la branche reste très axée seniors. À sa tête depuis sept ans, Els Van Kerckhove souhaite aller chercher les jeunes. «Nous avons beaucoup de demandes pour des visites à domicile, et cela serait vraiment chouette d’avoir des jeunes pour faire des promenades, des commissions, etc. Mais c’est compliqué de trouver des bénévoles.» Elle espère que de nouveaux locaux, qui devraient être disponibles en septembre, et bientôt également occupés par les jeunes de la commune, rapprocheront «son» Entraide de la relève du bénévolat communal. «À partir de ce moment-là, j’aimerais les inviter pour voir comment collaborer au mieux.» Pour les personnes déjà impliquées, des ateliers de tricot et de couture seront proposés.
À l’Entraide familiale, on n’observe pas la crise du bénévolat que beaucoup d’associations ou événements déplorent, comme à St-Prex. Mais Janick Châtelain l’admet bien volontiers: «Les attentes ne sont plus les mêmes. Il faut que les gens trouvent un bénéfice dans leur engagement, il faut qu’il y ait du sens.»
Et ses activités continuent de croître: l’association SuperMamans, qui propose de fournir du soutien dans la période proche d’un accouchement, vient de rejoindre la famille efv et promet de dynamiser encore davantage le futur de la faîtière.
La Semaine des entraides se déroule du 6 au 13 septembre 2025, infos sur: https://efvaud.ch/semaine