Le patron du village olympique de Paris est un Vaudois

Rédigé par
Fabio Bonavita
Vaud

JO D’ÉTÉ • Originaire de Pompaples, Laurent Michaud est le directeur du village olympique des JO de Paris qui ont débuté ce vendredi 26 juillet. Le Vaudois de 46 ans ne cache pas sa fierté d’avoir su concrétiser un projet titanesque qui allie durabilité et ambitions sportives. Entretien. 

GHI: Nous sommes à quelques jours du début des JO de Paris, vous êtes dans quel état d’esprit? 
Laurent Michaud: Sincèrement, je suis très serein, très confiant et surtout très heureux d’être si proche de l’ouverture de ces Jeux olympiques de Paris. 

Vous arrivez à vous endormir le soir? 
Oui, mais pour tout vous dire, mes nuits sont très courtes. Il reste beaucoup de petits détails à régler, des détails qui ont leur importance pour que la fête soit la plus belle possible. 

Vous êtes en charge d’un gros morceau, le village olympique et ses 14’250 athlètes. Qu’est-ce qu’il a de romand ce village? 
(rires) A Paris, plus précisément à Saint-Denis, il y aura 9200 athlètes, les autres seront répartis au sein des divers sites accueillant des compétitions. Ce vendredi  26 juillet, tous les lits seront occupés. Après, ce qu’il a de suisse… (il réfléchit) Je dirais le souci du détail, vouloir bien faire les choses jusqu’au bout.

Mais aussi le sens de l’hospitalité, vous savez y faire pour avoir été prof de ski à Villars, grimpé les échelons au sein du Club Med et dirigé un Center Parcs en Sologne… 
C’est vrai que l’accent a été mis sur une expérience complète en fournissant tous les services dont les athlètes ont besoin pour performer durant les épreuves. Cela passe par une salle de fitness, une épicerie, un salon de coiffure, un bar sans alcool ou encore une poste. Donc l’hospitalité poussée à son paroxysme a certainement, vous avez raison, quelque chose de chez nous. 

Et c’est un village olympique durable, sans clim et avec des milliers d’arbres plantés pour l’occasion. Cela change des précédents Jeux? 
Lors de notre présentation du projet du Village aux 206 délégations olympiques, certains ont pu être étonnés par ce concept innovant – notamment en ce qui concerne nos engagements en termes de durabilité. 
Dans cette perspective, nous avons en effet imaginé des pavés clairs qui absorbent l’eau et la rejettent dès qu’il fait chaud, couplés à du plancher rafraîchissant. C’est un système aussi complexe qu’innovant qui nous permet de ne pas avoir recours à la climatisation. Nous avons ainsi réussi à convaincre la grande majorité des délégations d’adhérer à notre vision. 

Après les JO, le village olympique deviendra une zone résidentielle géante. C’est aussi une fierté pour vous? 
Lors des Jeux précédents à Rio ou à Tokyo, beaucoup d’infrastructures temporaires ont été construites pour accueillir les services du Village alors qu’à Paris, nous avons au contraire d’abord pensé à l’héritage avant d’en faire un village olympique et paralympique. Prenons l’exemple de la cantine dédiée aux athlètes où 45’000 repas seront servis quotidiennement. Nous avons opté pour un bâtiment déjà existant, celui de la Cité du cinéma. Cela évite de multiplier les tentes ou de créer un lieu uniquement pour les Jeux. 

Vous avez pris la direction du village olympique au printemps 2020. Quel est le principal enseignement de ces quatre ans? 
Qu’en se mettant autour de la table, on arrive toujours à trouver un consensus pour que les choses avancent. 

Et votre plus grande fierté? 
L’aspect durable du village olympique, ce n’est pas un simple dortoir, mais un quartier de ville conçu pour l’héritage des Jeux. 

Vous avez survécu quatre années à Paris, c’est aussi une fierté quand on a auparavant vécu au sein de la paisible commune de Nyon, non? C’est un sacré changement de rythme… 
(rires) J’aime beaucoup Paris, c’est une ville qui fait preuve d’un vrai dynamisme, même si je n’ai pas vraiment eu beaucoup de temps pour en profiter durant ces quatre ans. 

Vous le clamez sur les toits, les valeurs de l’olympisme vous fascinent, le fait de les vivre de l’intérieur n’a pas refroidi vos ardeurs? 
Absolument pas, c’est à chaque fois un challenge extraordinaire. Pas plus tard que ce matin, j’ai accueilli les 250 volontaires du village olympique, ils avaient tous des étoiles dans les yeux. L’olympisme a ce côté magique, c’est ainsi. 

Vous en savez quelque chose car, petit, vous arpentiez déjà les allées du Musée olympique à Lausanne… 
Effectivement, je m’y suis rendu à de nombreuses reprises. Quand j’avais 8ans, j’avais aussi fabriqué une boîte à musique dont la musique était… l’hymne olympique. 

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