«Lausanne Jardins, c'est une acupuncture du territoire»

Rédigé par
Frédéric Nejad Toulami
Lausanne

EXPOSITION • Partagée entre Zurich et la capitale vaudoise, Monique Keller est la commissaire de Lausanne Jardins 2024. A quelques jours de la clôture (le 5 octobre) de cet événement populaire disséminé en plein air, cette architecte de formation nous dresse son bilan personnel.

Organisée tous les cinq ans environ, l’exposition urbaine et gratuite Lausanne Jardins avait cette année pour thème et pour nom: «Entre l’eau et nous». Pas très étonnant dès lors que ses «quarante jardins», soit une quarantaine d’installations, ont jalonné les rives du Léman entre les rivières de la Chamberonne et de la Vuachère. Comme le souligne Monique Keller, native de Lausanne et formée à l’EPFL,  il ne s’agissait pas que de l’eau liquide visible, mais aussi celle qui est sous les sols ou qui s’évapore, ainsi que des rives, qui ont évolué et ont été métamorphosées par l’homme ces dernières décennies. «Lausanne a gagné des kilomètres carrés de surface sur le Léman, en utilisant pour cela des matériaux de chantier et des gravats, comme lors de la construction de l’autoroute A1, rappelle Monique Keller. Al’origine, rien n’est naturel du côté d’Ouchy, de Bellerive et même de Vidy.» Pour illustrer ses propos, elle nous dévoile des photos d’archives en noir et blanc étonnantes de ces lieux, des années 30 et 60. Des lieux désormais prisés pour le prélassement mais pas que. 
«De plus en plus de gens et d’entreprises occupent le bord du lac, ce qui crée une concentration avec différents usages, explique la quinquagénaire. Ces activités diverses peuvent créer des conflits entre ces acteurs, mais aussi vis-à-vis de la biodiversité.» Ainsi est née la volonté de thématiser tout cela dans l’exposition, à travers des réflexions initiées dans chacune des installations de Lausanne Jardins, parfois de manière ludique. 
Acupuncture du territoire
L’eau est à la fois nécessaire à la vie, et une ressource, notamment pour rafraîchir les villes, mais aussi une menace lors de ruissellements et d’inondations. Et de rappeler les déluges de 2018 et du 15 juin 2019, après des orages qui avaient noyé par endroits le centre de la capitale vaudoise et coûté des millions en raison des dégâts causés. Monique Keller assume cette volonté de poser un regard critique avec en ligne de mire: quel sens et quel avenir pour notre cité? «C’est une forme d’acupuncture du territoire que nous pratiquons durant Lausanne Jardins», sourit-elle. N’est-ce pas un peu surprenant de voir une architecte se passionner pour la nature et les parcs? «Mon parcours professionnel a été atypique. J’aime travailler sur des espaces publics de qualité, je m’intéresse aux espaces ouverts, au vide. Les installations éphémères me plaisent car elles permettent d’expérimenter des choses et de tester différents usages en milieu urbain, comme une sorte de laboratoire.» A ses yeux, ces nouveaux usages proposés via ces créations temporaires permettent de valoriser l’existant. 
Ouvrir un imaginaire
La réalisation de Lausanne Jardins a nécessité un long travail de réflexion et de négociations en amont avec de nombreux services communaux et  autorités ainsi que des acteurs de la société civile. Sans oublier les créateurs des installations, choisis sur concours international. Ce vaste processus est même plus important que le résultat pour Monique Keller: «Au final, les propositions retenues et les installations ne représentent que la pointe de l’iceberg. Quant à l’aspect temporaire, il permet de réaliser des choses un peu folles, qui dérangent parfois. Avec l’éphémère, on peut oser, provoquer aussi.»
Il est probable qu’une fois l’édition 2024 terminée, début octobre, certaines installations soient pérennisées. Le Conseil communal lausannois, qui avait validé la subvention d’un million pour Lausanne Jardins, a souhaité qu’environ 30% puissent l’être. Tout ce qui est végétal et a été planté est d’ores et déjà candidat à l’être, et des études seront menées. Monique Keller constate d’ailleurs que si des déprédations voire des vols ont touché trois ou quatre créations, tout ce qui était végétal a globalement été respecté par le public. La plateforme sur le lac à Ouchy intitulée «Bains d’Atlantis» a dû être démontée, victime de son succès auquel la structure telle qu’elle avait été conçue n’était pas préparée. 
«Ce gros succès démontre que le public a aimé s’approprier l’eau du lac, déclare Monique Keller. Nous avons contribué ainsi à amplifier ou changer nos usages. Cela peut donner d’autres envies ou idées aux gens et aussi aux autorités politiques. Nous avons ouvert un imaginaire, aux autres de s’en emparer.» 
Organisée tous les cinq ans environ, l’exposition urbaine et gratuite Lausanne Jardins avait cette année pour thème et pour nom: «Entre l’eau et nous». Pas très étonnant dès lors que ses «quarante jardins», soit une quarantaine d’installations, ont jalonné les rives du Léman entre les rivières de la Chamberonne et de la Vuachère. Comme le souligne Monique Keller, native de Lausanne et formée à l’EPFL,  il ne s’agissait pas que de l’eau liquide visible, mais aussi celle qui est sous les sols ou qui s’évapore, ainsi que des rives, qui ont évolué et ont été métamorphosées par l’homme ces dernières décennies. «Lausanne a gagné des kilomètres carrés de surface sur le Léman, en utilisant pour cela des matériaux de chantier et des gravats, comme lors de la construction de l’autoroute A1, rappelle Monique Keller. Al’origine, rien n’est naturel du côté d’Ouchy, de Bellerive et même de Vidy.» Pour illustrer ses propos, elle nous dévoile des photos d’archives en noir et blanc étonnantes de ces lieux, des années 30 et 60. Des lieux désormais prisés pour le prélassement mais pas que. 
«De plus en plus de gens et d’entreprises occupent le bord du lac, ce qui crée une concentration avec différents usages, explique la quinquagénaire. Ces activités diverses peuvent créer des conflits entre ces acteurs, mais aussi vis-à-vis de la biodiversité.» Ainsi est née la volonté de thématiser tout cela dans l’exposition, à travers des réflexions initiées dans chacune des installations de Lausanne Jardins, parfois de manière ludique. 
Acupuncture du territoire
L’eau est à la fois nécessaire à la vie, et une ressource, notamment pour rafraîchir les villes, mais aussi une menace lors de ruissellements et d’inondations. Et de rappeler les déluges de 2018 et du 15 juin 2019, après des orages qui avaient noyé par endroits le centre de la capitale vaudoise et coûté des millions en raison des dégâts causés. Monique Keller assume cette volonté de poser un regard critique avec en ligne de mire: quel sens et quel avenir pour notre cité? «C’est une forme d’acupuncture du territoire que nous pratiquons durant Lausanne Jardins», sourit-elle. N’est-ce pas un peu surprenant de voir une architecte se passionner pour la nature et les parcs? «Mon parcours professionnel a été atypique. J’aime travailler sur des espaces publics de qualité, je m’intéresse aux espaces ouverts, au vide. Les installations éphémères me plaisent car elles permettent d’expérimenter des choses et de tester différents usages en milieu urbain, comme une sorte de laboratoire.» A ses yeux, ces nouveaux usages proposés via ces créations temporaires permettent de valoriser l’existant. 
Ouvrir un imaginaire
La réalisation de Lausanne Jardins a nécessité un long travail de réflexion et de négociations en amont avec de nombreux services communaux et  autorités ainsi que des acteurs de la société civile. Sans oublier les créateurs des installations, choisis sur concours international. Ce vaste processus est même plus important que le résultat pour Monique Keller: «Au final, les propositions retenues et les installations ne représentent que la pointe de l’iceberg. Quant à l’aspect temporaire, il permet de réaliser des choses un peu folles, qui dérangent parfois. Avec l’éphémère, on peut oser, provoquer aussi.»
Il est probable qu’une fois l’édition 2024 terminée, début octobre, certaines installations soient pérennisées. Le Conseil communal lausannois, qui avait validé la subvention d’un million pour Lausanne Jardins, a souhaité qu’environ 30% puissent l’être. Tout ce qui est végétal et a été planté est d’ores et déjà candidat à l’être, et des études seront menées. Monique Keller constate d’ailleurs que si des déprédations voire des vols ont touché trois ou quatre créations, tout ce qui était végétal a globalement été respecté par le public. La plateforme sur le lac à Ouchy intitulée «Bains d’Atlantis» a dû être démontée, victime de son succès auquel la structure telle qu’elle avait été conçue n’était pas préparée. 
«Ce gros succès démontre que le public a aimé s’approprier l’eau du lac, déclare Monique Keller. Nous avons contribué ainsi à amplifier ou changer nos usages. Cela peut donner d’autres envies ou idées aux gens et aussi aux autorités politiques. Nous avons ouvert un imaginaire, aux autres de s’en emparer.» 

En savoir plus