CHANTIERS • La Municipalité déclare «travailler sur la question», alors que la Ville de Genève annonce la prise en charge de 40% des loyers des commerçants de la rue de Carouge, une importante artère commerciale fortement impactée par des travaux.
Y a-t-il péril en la demeure face à la grogne des commerçants, et à l’approche des élections municipales? Toujours est-il qu’après avoir durant très longtemps, systématiquement refusé d’entrer en matière en termes d’indemnisation des commerçants en raison des chantiers sur la voie publique, la Ville de Lausanne, serait peut-être prête à changer de paradigme… La porte n’est en tout cas plus totalement fermée.
«La Municipalité se soucie du bien-être de ses commerçantes et commerçants et de la prospérité de leur activité qui contribue à l'attractivité de Lausanne, explique Florence Germond municipale en charge des finances et de la mobilité. Nous n'avons pas encore pris de décision à ce stade et nous sommes actuellement en train de travailler sur la question».
Signal important
Et pour cause: pour la première fois, la Ville de Genève a retenu le principe de l’indemnisation des commerçants de la célèbre rue de Carouge, à hauteur de 40% du loyer jusqu’à la fin du chantier, «face à l’ampleur exceptionnelle des travaux et à une accessibilité entravée aux commerces, notamment en raison de l’absence de desserte en transports publics».
«C’est clair, le signal de Genève est très important pour nous car il crée un précédent, explique Anne-Lise Noz, présidente de la Société Coopérative des Commerçants Lausannois. Nous avons donc bien l’intention de remettre la question sur la table à Lausanne, les chantiers étant une très grosse épine dans le pied des commerçants, non seulement pendant toute leur durée, mais même après, car il faut ensuite attendre six à huit mois pour que la clientèle revienne. Tous ces chantiers ont un impact énorme sur la fréquentation de nos commerces et notre chiffre d’affaires et la situation est vraiment gravissime pour les commerces subissant les nuisances directes de ceux-ci».
L’indemnisation via un soutien aux loyers a ceci d’intéressant qu’elle ne se heurtera pas à la jurisprudence récemment édictée par le Tribunal fédéral. Dans un jugement rendu en juillet dernier, la plus haute cour du pays déboutait en effet un boulanger zurichois qui avait intenté une action en justice contre la Ville de Zurich, réclamant 170’000 francs pour compenser une baisse de son chiffre d’affaires en raison d’un important chantier de rénovation devant sa boulangerie entre mai et décembre 2018.
«La voie de l’indemnisation pour compenser les pertes de chiffres d’affaire semble tomber à l’eau, explique Anne-Lise Noz. En revanche, celle de la prise en charge de tout ou partie des loyers est tout à fait prometteuse et serait d’un grand apport pour le commerce lausannois. Je rappelle que selon une récente étude, Lausanne compte près de 20’000 m2 de locaux commerciaux vacants contre 10’000 à Zurich, c’est dire s’il y a urgence».
Plan d’attractivité
Au-delà des questions d’indemnisation, la Ville de Lausanne travaille également actuellement à un plan d’attractivité combinant soutien à des initiatives des commerçants dans le domaine événementiel et par des programmes de fidélisation. Elle prépare ainsi des campagnes de promotion d’envergure à l’échelle du Grand Lausanne.
«La Municipalité se préoccupe également de l’accessibilité pour les automobilistes et échange régulièrement sur ce sujet avec les milieux commerçants, rappelle Florence Germond. Le dernier accord entre la Municipalité et les actrices et acteurs économiques, datant de juin 2024, a permis notamment la gratuité du stationnement dans les P+R le samedi et de prolonger la durée du stationnement dans la zone de l’hyper-centre (zone L) de 2 à 3 heures. Aussi, nous sommes conscients que la période des fêtes de fin d'année est une période capitale pour les commerces. En 2024, la Ville a rendu les P+R gratuits les soirs des nocturnes et a mené une campagne d’accessibilité pour rappeler les différents moyens de transport pour se rendre à Lausanne, ainsi que les nombreux parkings existants. Nous prévoyons une nouvelle campagne pour que les fêtes de 2025 soient belles pour toutes et tous.»
