"A la Valencienne, il manque peu pour que les choses changent»

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Lausanne

VALENCIENNE • Le bras de fer entre la Municipalité et le collectif qui occupe les lieux gagne le Conseil communal qui doit discuter d’une pétition dénonçant la destruction d’un jardin communautaire par la Ville. Le point avec le municipal David Payot.

Lausanne Cités:A la Valencienne, les fronts sont figés. Où en est-on?
David Payot: Au début du mois de septembre, nous avons eu une rencontre avec le collectif  La Valencienne et nous leur avons confirmé que nous pouvions passer une convention pour leurs activités de jardinage. Pour l’instant, nous avons un accord de principe et des visions assez proches, mais il reste des divergences sur un certain nombre de points.

Sur quoi  êtes-vous d’accord?
Sur la vocation du terrain de la Valencienne, qui est d’en faire un espace ou des individus aussi bien que des organisations peuvent organiser des événements, et où peuvent se dérouler des activités sur le long terme de pétanque, de jardinage et d’accueil d’enfants.

Et les divergences?
Nous ne souhaitons pas leur confier la gestion des lieux ou des bâtiments qui permettent l’organisation d’événements, car celle-ci doit être respectueuse des règles d’usage des bâtiments. Nous avons la crainte qu’ils les monopolisent, vu que jusqu’à présent ils ont eu plutôt tendance à en user de manière unilatérale. Nous attendons donc des garanties de la part du collectif selon lesquelles il accepte de cohabiter avec les autres organisations et qu’il s’engage en outre à ce que les règles essentielles en matière de constructions et d’organisation des manifestations soient respectées. Tant que nous n’avons pas d’accord là-dessus, on continuera à défendre leur droit à être sur le site, mais pas à n’importe quelle condition.

En quoi ces garanties sont-elles importantes?
Si le collectif  La Valencienne entretient des activités tout à fait positives sur le site, il y a des comportements qui posent problème aux autres organisations et aux services de la Ville. D’une part ils ne respectent pas toujours les règles d’aménagement du lieu ou d’organisation des manifestations, et d’autre part ils ne permettent pas toujours aux activités menées par d’autres organisations de se dérouler ou alors ils les compliquent. Il leur arrive même de contester la légitimité de la Ville à intervenir et expriment leur volonté de décider souverainement de ce qui peut y être fait.

Pourquoi dans ce cas ne pas les expulser du lieu? 
C’est un espace public, et il n’a pas matière à prononcer une interdiction de périmètre d’autant que vu la situation à Lausanne sur d’autres problématiques, il y a d’autres priorités que celle-ci. A mon sens, il y a quelque chose de plus intelligent à faire avec eux mais ils doivent admettre les principes de fonctionnement que nous souhaitons pour la gestion collective du site afin que chacun puisse y trouver sa place. Il manque peu pour que les choses changent d’autant que cette saison a été plutôt calme en dehors de quelques tensions avec d’autres associations présentes sur le site. Les discussions vont se poursuivre.

Le popiste que vous êtes ne peut-il pas faire preuve d’une certaine bienveillance pour un collectif qui prône une démarche autogérée?
Mon premier rôle en tant que municipal et même en tant que municipal popiste c’est de permettre qu’une activité collective et fédératrice à la Valencienne puisse avoir lieu et de faire en sorte qu’un seul collectif n’y ait pas la mainmise sous prétexte qu’il a pris le contrôle du site à un moment donné. 

«Nous faisons vivre ce lieu»

Rencontrés par Lausanne Cités, les membres du collectif La Valencienne défendent leur présence sur les lieux, selon des modalités d’autogestion, loin «du carcan administratif que la Ville veut imposer». «L'administration a son propre fonctionnement et veut que toute initiative s'inscrive dans un cadre défini, sans aucune marge de liberté, déplore Sem, un des membres. Ce que nous faisons et vivons ici de manière spontanée n'entre dans aucune case des formulaires de la Ville et on aimerait juste pouvoir bénéficier de manière facilitée de cet espace sans tracasseries administratives». «Nous avons ici un espace associatif sans nul autre pareil car ce lieu est un endroit d'expérimentation sociale qui nous permet d’incarner par les actes une certaine critique du système néolibéral», ajoute Léo, qui explique: «Nous sommes l'exemple même d'une demande participative que la Ville veut empêcher car elle n'entre pas dans sa propre vision de la participation. Pourtant, nous faisons vivre le lieu et nous l’entretenons. C’est pour cela que depuis des années nous ne cessons de réclamer une convention à la Ville». 

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