«La Municipalité ne veut pas 
de Pierre Dudan!»

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Lausanne

HOMMAGE • L’écrivain et journaliste Jean-Pierre Pastori se bat depuis des mois pour qu’une plaque commémorative soit apposée dans un des immeubles où vécut l’artiste lausannois Pierre Dudan, auquel il a consacré une biographie. Mais le combat est loin d’être gagné.

La plupart des Lausannois ne le connaissent sans doute pas. Mais tout de même: Pierre Dudan n’est pas tout à fait n’importe qui. Né à Moscou en 1916 et décédé à Epalinges en 1984, fils du directeur du Collège classique cantonal, co-fondateur du Hot Club de Lausanne, duettiste avec Edith Burger, et auteur-compositeur-interprète de «La Chanson du Grand-Pont» et de «La Place Saint-François», cet artiste lausannois a, entre autres faits d’armes, également été animateur du célèbre cabaret La Souricière, à Marterey. 
Et ce n’est pas tout: l’homme s’est également distingué par une carrière internationale, entre Paris, Londres et Montréal, aussi bien en tant que chanteur qu’en tant que comédien, jouant dans une trentaine de films où il a partagé la vedette avec Jean Vilar ou Louis de Funès. 
Biographie
Ce parcours hors norme lui a valu les faveurs d’une biographie rédigée par le journaliste Jean-Pierre Pastori, intitulée «Pierre Dudan, le vagabond de la chanson», publiée aux éditions Favre l’année dernière. Mais le journaliste souhaiterait aller plus loin. «Il est temps de rendre justice à Pierre Dudan en apposant une plaque commémorative soit sur l’immeuble de Beau-Séjour 12 où il passa son adolescence dans l’appartement de ses parents, soit sur Marterey 28 où se trouvait le cabaret la Sourcière à ses débuts, soit enfin à Mon-Repos 4, où il habita jeune père de famille, explique-t-il. Ce serait la moindre des choses pour que cet artiste ait la reconnaissance qui lui est due eu égard à son attachement à Lausanne que sa carrière internationale n’a jamais démenti».
Dans une série de correspondances, mais aussi à la faveur de rencontres avec le syndic, Jean-Pierre Pastori partage son dessein et ses espoirs avec la Municipalité qui pour l’heure, botte en touche. «La Municipalité ne s’est pas encore prononcée sur cette demande (elle avait toutefois répondu négativement une première fois en 1998) et le fera sans doute prochainement, explique le syndic Grégoire Junod. Nous avons des demandes régulières et une approche plutôt restrictive, notamment eu égard aux liens forts avec la Ville, s’agissant des plaques commémoratives. Cela dit, de manière générale, il y a une volonté de mieux valoriser les femmes dans l’espace public par des plaques ou des noms de rue, même s’il n’y a pas de règle formelle et plusieurs exceptions».
«Wokisme ambiant»?
«Quatre mois pour décider de ne rien décider... La Municipalité fait vraiment très fort, s’insurge Jean-Pierre Pastori. Pierre Dudan a été le partenaire d’Édith Burger, bien avant Gilles. Lausanne a honoré Gilles du Prix de la Ville et lui a dédié une Promenade et Édith vient de se faire attribuer une rue. Et pour Dudan, on ne ferait rien?». 
Et l’ancien patron du Château de Chillon d’esquisser une explication: «Il est évident que ce qui gêne la Municipalité, c'est le virage «anar de droite» de Pierre Dudan à la fin de sa vie, lorsque la maladie et des déboires professionnels l'ont aigri. Je ne partage en rien ses idées politiques, mais je m'insurge contre le wokisme et la pensée unique et surtout, j'aimerais que l'on se rappelle que Pierre Dudan, en 1945, s'est engagé aux côtés des responsables haut-savoyards des Forces Françaises de l'Intérieur. Maurice Chevalier, estimait qu’il avait «une pureté rare» et Jean-Christophe Averty (célèbre animateur de radio français, ndlr) qu’il «était un type très bien».»  
 

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