La Maison des Chats accusée de maltraitance

Rédigé par
Elise Dottrens
Vaud

REFUGE • Une plainte  secoue le centre d’accueil animalier situé à la Croix-sur-Lutry. Selon son président et le vétérinaire cantonal, le refuge est en parfaite conformité avec la loi. Reportage.

Il y a Tripette, Joey, Béatrice ou encore Tulipe. Tous vaquent à leurs occupations quotidiennes, oscillant entre la sieste, le repas, des petits câlins des humains, et puis encore la sieste. À la Maison des Chats, à la Croix-sur-Lutry, la centaine de félins gardés dans le refuge sont dispersés entre leurs parcs extérieurs, les pièces intérieures aménagées d’arbres à chats, ou pièces de soin ou de quarantaine. 
À priori, l’espace et l’agencement du lieu permettent un épanouissement total pour ces chats, dont la plupart, vieux et cabossés, ne sont plus à adopter. Seulement voilà, il y a quelques mois, le calme de la maison s’est vu perturbé par quelques cas de chats, dont la santé défaillante a poussé des personnes actives au sein du refuge à adresser des dénonciations au vétérinaire cantonal. 
Les dents de Cookie
«J’ai commencé à voir des choses qui me questionnaient, sur les façons de faire, les protocoles, se souvient l’une des personnes ayant contacté Lausanne Cités pour alerter sur la situation. Il y avait par exemple ces chats qui restaient trop longtemps dans leurs cages de quarantaine. Je me demandais ce qu’on pourrait faire pour que ça s’améliore, sans jugement. Mais d’un cas un peu bizarre, on est arrivés à deux, à trois, et le dernier, c’était la goutte d’eau.» 
Ce dernier cas, c’est Cookie. Il s’agit d’une chatte d’environ dix ans, qui se trouvait ce jour-là dans un état de santé précaire. «Nous sommes entrées dans le cabinet vétérinaire et nous avons vu ce chat. Elle avait beaucoup de peine à respirer. Et le président, qui était là, nous a dit,  "voilà un parfait cas d’étude". Il a profité de l’occasion pour nous demander ce qu’elle avait, alors on a essayé de regarder. Quand j’ai voulu regarder ses gencives, il m’en a empêchée, et il nous a fait reculer.»  Selon les informations à leur disposition, Cookie avait subi une extraction dentaire quelques jours auparavant, qui s’était infectée et avait évolué en septicémie. «Les employées avaient voulu l’emmener chez un vétérinaire en urgence, mais il est arrivé au même moment et les en a empêchées». 
Pour les anciennes employées, il aurait fallu transférer Cookie au plus vite dans un centre d’urgence pour lui donner une chance ou, si besoin, abréger ses souffrances. 
Mieux, mais pas parfait? 
Une troisième personne, qui a également souhaité garder l’anonymat, soutient les propos des deux initiatrices. «Quand Cookie est morte, même les employées étaient surprises de la manière dont ça s’était passé.» Elle appuie cependant: elle a aimé travailler là-bas, et selon elle, il est primordial que cette maison perdure, car les chats en ont besoin. «La maison est super bien, les chats qui y vivent sont heureux.» Pour elle, il n’y a qu’un problème: le président. 
Jean-Louis Stauffer est arrivé en 2021 à la tête de la Ligue Vaudoise de la défense pour les animaux (LVDA) plus connue sous le nom de La Maison des Chats. Proposé par le tribunal d’arrondissement de l’est-vaudois pour venir récupérer une institution qui avait pris l’eau, à la suite de mauvaises gestions financières. Pour lui, ces dénonciations ne sont que mesquineries et malveillances. «C’est un règlement de comptes». 
Tout à fait conscient de l’identité des dénonciatrices, il soulève d’ailleurs qu’elles avaient signé une charte de confidentialité. En sa présence, la totalité du personnel assure s’entendre à merveille avec le président de la Maison des Chats. «J’apprécie le côté professionnel, on peut le solliciter même le dimanche», raconte une bénévole. 
«On a pas trop compris d’où sont sorties ces accusations, complète une autre. On passe nos journées à faire les soins qu’il faut.» Averti par la plainte, le bureau du vétérinaire cantonal est par ailleurs venu visiter la Maison des Chats dans le courant du printemps. 
Manque chronique de moyens
Contacté, le vétérinaire cantonal explique par e-mail: «Notre mission est de vérifier la conformité des structures que nous sommes tenus de contrôler. Lorsque des non-conformités sont constatées, des mesures correctives sont formellement ordonnées, dont la mise en œuvre est vérifiée. Lorsque la structure est conforme, aucun suivi particulier n’est exigé. Concernant le refuge mentionné, le dernier contrôle effectué par nos services n’a révélé aucune non-conformité». 
Jean-Louis Stauffer, ainsi que de manière unanime tous les employés de la LVDA, regrette cependant un manque chronique de moyens, et il craint une fermeture ces prochaines années si davantage de dons ne viennent pas renflouer les caisses. Il déplore un domaine dans lequel les professionnels se mettent des bâtons dans les roues. «Il y a trop d’émotionnel», conclut-il. 

En savoir plus