
SÉCURITÉ • Une agression à la gare de Morges a récemment ravivé le débat sur la sécurité de ce lieu. Entre sentiment d’insécurité et efforts de la Ville, ce point névralgique reste sous surveillance.
Ce n’est un secret pour personne, la gare de Morges est un lieu de passage important. Outre les nombreux bus en provenance des villages avoisinants qui y font halte et les trains desservant Lausanne ou Genève, c’est un endroit où l’on trouve plusieurs restaurants, bars et un McDonald’s.
Cependant, cette gare est aussi le théâtre d’agressions, comme celle de Nicolas*, un adolescent habitant la région de Rolle. Il y a quelques mois, lui et ses amis décident de sortir à Morges pour fêter la fin de leur scolarité obligatoire. Aux alentours d’une heure du matin, alors qu’ils prennent le chemin du retour, ils trouvent une bonbonne de peinture rose qu’ils décident de prendre avec eux.
Conséquences à long terme
A leur arrivée près de la halte ferroviaire, un autre groupe d’ados les interpelle et entame une discussion. Pendant celle-ci, l’un des jeunes demande s’il peut emprunter la bonbonne.Nicolas* et ses amis acquiescent. Une fois en sa possession, il tente à plusieurs reprises d’en mettre dans les cheveux de Nicolas*, qui le repousse. «A ce moment-là, il m’a décroché un crochet dans la mâchoire, qui m’a mis directement KO», raconte le jeune homme.
La suite est un peu floue pour lui, car il a perdu connaissance. Il sait que la situation a dégénéré en bagarre avant que des adultes n’interviennent et que ses amis et lui se retrouvent sur les quais de la gare. «Un de mes amis s’est fait lancer contre un mur et s’est foulé la cheville. Un autre a eu plusieurs bleus et s’est ouvert la lèvre», ajoute Nicolas*. Le groupe a finalement pris un train pour s’éloigner rapidement de la zone de conflit. Durant l’agression, Nicolas* a subi une commotion. Fragilisé, il a ensuite enchaîné plusieurs incidents qui lui ont valu deux autres commotions en l’espace de quelques semaines. «Aujourd’hui, je ne peux suivre que deux cours par jour parce que je n’arrive pas à me concentrer plus longtemps, et je suis vite fatigué. Un jour, en rentrant chez moi après les cours, je suis même tombé dans les pommes», précise-t-il. Ces séquelles l’inquiètent: «Je suis suivi par une spécialiste, et j’en suis déjà à trois commotions. C’est comme si je n’avais plus le droit à l’erreur avant d’avoir des séquelles irréversibles. C’est ça qui est flippant.»
Des jeunes en rupture
Selon Abdelrahman Abu El Hassan, chef de l’office de la cohésion sociale et responsable du centre d’espace Couvaloup, le sentiment d’insécurité à la gare de Morges est bien présent, mais les retours sur de potentielles agressions sont rares. «Il y a des jeunes en rupture, que ce soit scolaire ou professionnelle, qui traînent souvent en groupe autour du McDonald’s. Et comme la gare est un lieu de passage, cela crée forcément une impression d’insécurité», explique-t-il. Pour répondre à cette problématique, des initiatives sont mises en place par la Ville de Morges. «Nous avons une travailleuse sociale de proximité qui fait du travail de rue pour entrer en contact avec ces jeunes», ajoute Abdelrahman Abu El Hassan.
La vigilance est de mise
Ces initiatives visent à offrir une alternative positive aux jeunes, par le biais d’activités comme l’ouverture d’une salle de sport le samedi soir. «Ce ne sont pas des solutions miracles, mais cela permet de discuter avec eux, de les occuper et de les orienter», ajoute-t-il. Même si ces actions ne règlent pas tous les problèmes, elles contribueraient à désamorcer certaines tensions et à offrir un espace où les jeunes peuvent trouver écoute et soutien. Pour Laurent Pellegrino, municipal en charge de la sécurité et de la cohésion sociale, la gare de Morges et ses alentours restent relativement préservés. «Ce n’est pas une zone difficile pour le moment. Elle est toutefois un peu plus sensible», explique-t-il, précisant que l’enjeu principal est de maintenir ce cadre et d’éviter les débordements. «C’est un secteur où l’on doit rester vigilant pour que la situation n’évolue pas dans le mauvais sens. C’est pourquoi nous gardons la zone de la gare sous surveillance, avec des patrouilles policières et des passages réguliers de travailleurs sociaux» conclut le municipal.
En somme, le sentiment d’insécurité à la gare de Morges, particulièrement la nuit, est bien présent chez certains usagers. Cependant, les cas d’agressions restent rares, et la Ville redouble d’efforts pour intégrer les jeunes, tout en maintenant une vigilance active autour de cette zone.
*prénom fictif, identité connue de la rédaction